Le gouvernement ne pratique pas le dialogue social

Les communiqués des fédérations par FO SPS

À la veille de la tenue de la conférence sociale (7 et 8 juillet 2014) on est en droit de se poser la question de son utilité, d’autant que la pratique d’un vrai dialogue social ne se vérifie pas malgré la multiplication des réunions estampillées comme tel.

Prenons l’exemple de la fonction publique et de son agenda social arrêté unilatéralement par le gouvernement. Ce sont près de 80 réunions qui ont été programmées et tenues entre octobre 2013 et juin 2014 portant sur une multitude de thèmes. A cela s’ajoute les conseils supérieurs, les rencontres propres à chaque ministère, etc. Pour autant cette inflation n’est pas synonyme de qualité ni sur la forme, ni sur le fond, loin s’en faut !

Sur la forme, ce calendrier dense (plusieurs réunions par semaine) n’a de cesse de changer à la seule initiative du Ministère. Plusieurs fois par mois nous recevons des modifications, des reports, décalages ou annulations de dates et/ou d’objet de réunions. Les représentants syndicaux doivent s’adapter, modifier leurs propres agendas syndicaux et professionnels, jongler avec l’organisation de leurs déplacements (beaucoup d’entre eux viennent de province). A cela s’ajoute la remise de documents sur table ou l’envoi la veille pour le lendemain. Comment dans ces conditions préparer sérieusement les réunions, aller au fond des sujets, rechercher le mandat à porter ? Cela donne le sentiment d’absence de considération envers les personnels et leurs syndicats.

Sur le fond, les thèmes choisis sont ceux décidés par le gouvernement, la prise en compte de demandes spécifiques des organisations syndicales n’existe pas ou à la marge. Dans bien des domaines il s’agit de présenter pour avis aux organisations syndicales les mesures que le gouvernement veut mettre en place (exemple : « projet de loi garantissant l’avenir et la justice du système de retraites », « adaptation à la fonction publique de la baisse des cotisations », etc.). Des sujets tels que « qualité de vie au travail » ou « qualité du dialogue social » se réduisent à discuter d’un accompagnement social de la politique d’austérité et de réduction de moyens, notamment d’emplois. Enfin sur la question centrale des salaires, nous assistons à un monologue gouvernemental, empêtré dans sa politique d’austérité, dans son pacte de responsabilité et dans la poursuite du gel du point d’indice. Qui plus est, sur « le terrain » les conflits sociaux, les grèves se multiplient, les personnels et leurs syndicats dont FO défendent leurs droits et acquis rabotés au nom de l’austérité. Pour FO, la méthode et le fond révèlent l’absence d’un réel dialogue social. L’inscription d’une réunion à l’agenda social ne lui confère pas automatiquement un label. Ce gouvernement, comme sous l’ancienne présidence, considère que les syndicats ont pour mission d’accompagner ses décisions. Nous nous opposons à cette vision du syndicalisme. Syndicat indépendant, FO entend conserver sa liberté de revendication et de comportement.

Pour FO, un dialogue social suppose que les deux parties soient considérées de la même manière. Cela nécessite également la prise en compte réelle des points de vue, attentes et revendications des syndicats. Pour FO, il n’a de sens que s’il produit du progrès social.

Or force est de constater que nous subissons une vague de régression sociale sans précédent. Le gouvernement est prompt à répondre aux exigences du patronat alors qu’il reste sourd aux revendications syndicales. À ce jour, nous nous efforçons de participer à ces réunions afin de porter les revendications. Cependant, aux vues des résultats, nous nous laissons la possibilité d’exercer un autre choix et déployer, autrement, notre énergie au service des personnels.

FO, fidèle à son attachement à la pratique contractuelle, continuera d’exiger de véritables négociations pour notamment augmenter les salaires, arrêter la suppression des postes et exiger la création des emplois nécessaires. Autrement dit FO continue d’oeuvrer pour le progrès social en lien avec la défense des intérêts matériels et moraux des salariés que nous représentons.

C’est à ces seules conditions qu’un véritable dialogue social peut s’exercer. Ne pas les respecter c’est prendre la responsabilité du conflit social.

Didier Bernus
Secrétaire général de la Fédération des Personnels des Services Publics et des Services de Santé Force Ouvrière

 Voir en ligne  : FO Services publics et de santé

FO SPS Services publics et de Santé