À l’évidence, la Sécurité sociale et les assurés sociaux comptent parmi les cibles actuelles du gouvernement qui cherche à abaisser encore le coût du travail et à réduire les déficits publics. Celui-ci demande à la Sécurité sociale des efforts qui se chiffrent à 21 milliards d’euros au total entre 2015 et 2017. Dans le cadre du pacte de responsabilité, l’assurance-maladie est ainsi invitée à réduire ses dépenses de 10 milliards d’euros en trois ans... Cela alors que les dépenses de gestion du régime général s’élèvent à 10 milliards par an, que l’assurance-maladie réduira déjà ses dépenses de 2,9 milliards cette année et que le remplacement de 4 800 agents partant en retraite est d’ores et déjà gelé pour 2014, par exemple. La Sécurité sociale devra aussi trouver d’autres réductions de dépenses à hauteur de 11 milliards. Pour le Secrétaire général de la confédération FO, Jean-Claude Mailly, tout cela est inquiétant car « à la fois on fragilise les financements et on réduit les dépenses » de la Sécurité sociale.
Le 8 avril, le Premier ministre a en effet annoncé la mise en place en 2015, puis 2016, d’allégements de cotisations, notamment patronales.
Des prestations supprimées ?
Si le gouvernement promet de compenser le manque à gagner dans les caisses de la Sécu, pour l’instant il ne dit pas comment. Quant aux 11 milliards d’économies demandés à la Sécurité sociale, le Premier ministre n’en détaille pas l’origine mais lance des pistes. Par une « mise en cohérence et une meilleure lisibilité de notre système de prestations », ou par des économies de dépenses sur les coûts de « gestion des caisses de Sécurité sociale ». Autre piste possible : « travailler » sur la chirurgie ambulatoire ou encore « restructurer l’offre de soins hospitaliers », cela alors que l’hôpital public a déjà réduit ses dépenses de 650 millions en 2013 et qu’il devra les abaisser de près de 600 millions cette année. En fait, le gouvernement feint de croire qu’il est possible de réaliser 21 milliards d’économies en trois ans sans tailler dans les prestations, mais il est bien incapable d’expliquer comment.
D’où un soupçon grandissant chez les observateurs les plus aguerris. « Comment peut-on aujourd’hui réduire les dépenses de la Sécurité sociale sans supprimer ou diminuer les prestations ? », interroge Jean-Claude Mailly, s’indignant d’une possibilité de toucher « à la couverture sociale pour tous les citoyens ».