Air France : FO exige des solutions de maintien de l’emploi en région

InFO militante par Elie Hiesse

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Moins d’une semaine après l’annonce-choc de 6 560 suppressions de postes d’ici 2022, soit 16% des effectifs, Air France ouvre ce jeudi 9 juillet les négociations sur les modalités de départs des personnels au sol. Ils paient le plus lourd tribut, concernés par 7 postes supprimés sur 10. En région, la réduction des effectifs dans les escales va conduire à des mobilités forcées et, en cas de refus, à des licenciements.

C’est une séance sous très haute tension qui s’ouvre chez Air France, ce jeudi 9 juillet. Moins d’une semaine après l’annonce-choc de 6.560 suppressions de postes d’ici décembre 2022, soit 16% de ses effectifs, la compagnie débute les négociations sur les modalités de départs des personnels au sol. Son objectif est d’aboutir d’ici à la fin du mois.

L’Air France d’en bas, premier concerné

Frappés par 4.570 suppressions de postes (soit 70% du total), les personnels au sol sont les premiers visés par le plan. Une nouvelle fois, « l’Air France d’en bas » pâtit le plus de la restructuration, constate Christophe Malloggi, secrétaire général de FO Air France, première organisation syndicale du transporteur.

Le détail des suppressions programmées, présenté depuis lundi dans les CSE (comité social et économique) des différents établissements du transporteur, dresse un tableau particulièrement sombre.

La direction, qui vise une organisation des métiers au sol avec 20 250 CDI (en équivalent-temps plein) fin 2022, table pour y arriver sur le non-remplacement de 1 940 départs naturels sur la période. Au-delà, elle cible 2 630 postes qu’elle dit vouloir supprimer, si possible sans départ contraint, via des départs volontaires et de la mobilité interne. Sauf que cela relève du vœu pieux, vu le schéma de réorganisation.

Coupes claires dans le court-courrier

L’ensemble des métiers au sol sont concernés. La direction a estimé le nombre de départs nécessaires à 705 au Hub, à 220 au Global Cargo ou, encore, à 129 à la DGSI (Direction générale des systèmes d’information).

Le court-courrier est très impacté, avec 835 départs programmés au total. Ainsi à Orly, les effectifs sont appelés à baisser de 893 à 644 (-28%). Dans les escales en région, les personnels au sol paient un tribut particulièrement lourd, du fait de la redistribution des rôles sur le réseau domestique qui se traduit soit par l’abandon de certaines lignes intérieures ou par leur transfert vers Transavia, filiale low cost du groupe. Les suppressions de postes sont sans précédent au court-courrier. Elles ne pourront pas se résoudre uniquement par des départs volontaires. Il y aura des mobilités géographiques forcées, s’inquiète Christophe Malloggi. Selon la direction, il faudrait 585 départs au total. D’ici fin 2022, elle prévoit en effet de faire passer les effectifs du court-courrier en région de 1 944 à 1 359 postes (-30%).

Disparités régionales

Reste que ce chiffre cache d’énormes disparités dans les territoires. Le maintien de la desserte de la Corse et des navettes épargne leurs escales, plus ou moins. Ajaccio perd 7 emplois, pour une organisation-cible à 143 postes en 2022. A Nice, les effectifs doivent passer de 275 à 265 personnes en ETP (-3,6%). Mais Toulouse voit son nombre de postes réduits de 241 à 184 (-23,6%) et Marseille, de 328 à 220 (-33%).

Véritable hécatombe, la fermeture de la desserte d’Orly fait perdre 90 emplois à Nantes sur 137 (-65%) et 114 emplois sur 173 à Bordeaux (-66%). Le bilan est aussi sévère à Strasbourg, escale réduite à 83 postes (-55%), à Montpellier qui passe à 54 postes (-44%) et à Mulhouse, qui chute à 38 postes (-42%).

Fermeture de toutes les agences physiques

La fermeture définitive des agences Air France sur tout le territoire signe également la fin d’une époque. Même si elles n’étaient plus qu’au nombre de 11 contre plus de 80 au début des années 2002. Elles sont la vitrine de la compagnie. L’image de proximité d’Air France va pâtir de leur fermeture, poursuit le secrétaire général du syndicat.

A l’avenir, le transporteur compte vendre tous ses billets en propre exclusivement sur le digital. Les conséquences sont importantes pour les 150 employés du réseau commercial France, et plus largement pour les autres personnels au sol qui seront contraints à la mobilité. Les fermetures des agences réduisent les possibilités de trouver des solutions locales de reclassement dans les régions, poursuit Christophe Malloggi.

FO bataille contre les mobilités forcées

Pour le secrétaire général de FO Air France, tout l’enjeu des négociations qui s’ouvrent est de trouver les solutions permettant de garder l’emploi localement, et de contrer le risque de licenciements secs qui existe, notamment au court-courrier, vu l’ampleur des suppressions de postes dans les escales régionales et l’absence d’alternatives locales de reclassement.

Le volontariat est la règle. Cependant, si le nombre de candidats au départ n’est pas atteint, conformément à l’accord AGEPP (accord sur la gestion des emplois et des parcours professionnels) que FO a refusé de signer, des mobilités contraintes seront activées avec, en cas de refus, un départ contraint, précise le responsable syndical.

Pour FO, la création d’une assistance Transavia en escale, effectuée par les personnels au sol Air France, est une solution.

Quant à un éventuel recours au nouveau dispositif d’activité partielle de longue durée (APLD) (qui nécessite un accord d’entreprise majoritaire pour être mis en œuvre, ndlr), le syndicat FO reste prudent. L’expérience de ces derniers mois doit nous montrer la voie. Les pertes de salaire sont très lourdes à porter pour « l’Air France d’en bas », martèle Christophe Malloggi. Si la direction souhaite la signature de FO, elle devra accepter des mesures en faveur des bas salaires. Autrement dit, abonder l’indemnité horaire pour maintenir intégralement les salaires.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante