Amazon : la volonté de se syndiquer ne faiblit pas

InFO militante par L’inFO militante, Maud Carlus

© BOB MILLER/The New York Times-REDUX-REA

À New York et en Alabama, les salariés de trois entrepôts du géant du numérique se prononceront prochainement sur la création d’un syndicat. L’espoir d’effacer l’échec d’un premier vote l’an dernier sur un des sites en proie aux intimidations menées par la plateforme est au plus haut.

La bataille pour la syndicalisation gagne du terrain aux États-Unis et l’échec de l’an dernier chez Amazon pourrait être rapidement effacé. En mars 2021, la consultation des 6 100 salariés de l’entrepôt de Bessemer (Alabama), interrogés sur leur volonté de créer un syndicat, n’avait pu aboutir, face principalement aux intimidations d’Amazon, en lutte ouverte contre toute syndicalisation en son sein.

Réunions obligatoires, caméras braquées sur le bureau de vote, textos aux salariés pour influencer le vote... : ces pratiques antisyndicales avaient été dénoncées par la RWDSU, (Retail Wholesale and Department Store Union), le syndicat du secteur de la distribution dont relèveraient les salariés de l’entrepôt en cas de syndicalisation. De son côté, la NLRB, l’agence américaine chargée du droit du travail, avait reconnu qu’Amazon avait enfreint les règles. Le scrutin avait été annulé.

Un nouveau vote, organisé cette année par correspondance, s’achèvera le 27 mars. Parallèlement, les salariés d’un autre entrepôt à Staten Island (New York) se prononceront, physiquement, du 25 au 30 mars, sur la même question. Un troisième entrepôt, à New York, comptant 1 500 salariés, vient lui aussi d’obtenir le feu vert pour l’organisation d’un vote.

La détermination des salariés décuplée

Les chances que ces consultations aboutissent sont plus qu’élevées, se réjouit Marjorie Alexandre, secrétaire confédérale au secteur international de FO. Les choses ont évolué par rapport à l’an dernier. Pas un mais trois entrepôts vont voter. Il y a une volonté générale d’améliorer les conditions de travail des salariés, après deux années de pandémie qui ont mis en avant les mauvaises conditions de travail, notamment sur les plateformes comme Amazon.

En Alabama, le scrutin, qui aura lieu par correspondance, devrait garantir en quelque sorte une plus grande tranquillité d’esprit des votants. Et, plus largement, les attitudes d’Amazon ont plutôt tendance à renforcer la détermination des salariés. Jusqu’à présent, Amazon, en usant de manœuvres antisyndicalistes, pariait sur le découragement des salariés, mais cela a fini par se retourner contre la plateforme et par décupler la volonté de mobilisation des travailleurs, souligne Marjorie Alexandre.

Reste qu’Amazon se complaît dans sa tradition antisyndicale. Pour la multinationale, le dialogue social n’a pas à être changé ou amélioré, s’indigne la militante. Or, c’est un danger de penser et d’essayer de faire croire que l’on peut se passer de dialogue social, surtout dans le contexte géopolitique que nous vivons. Rappelons que l’Organisation internationale du travail s’est constituée autour de l’idée que  la paix ne peut se fonder que sur le dialogue social.

En attendant l’issue des votes, des signes de syndicalisation émergent un peu partout aux États-Unis. En plus de la création inédite, en décembre 2021, d’un syndicat dans deux Starbucks à Buffalo (New York), un troisième café vient de se syndiquer fin février en Arizona, et plus d’une centaine de dossiers ont été déposés dans des Starbucks à travers le pays.

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Maud Carlus

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