[Arts et politique] Doubs : hommage en juin à Courbet, peintre et homme libre

Culture par Christophe Chiclet

Musée Courbet. Photo : JGS25 [CC BY-SA 3.0]

En juin sera célébrée une double commémoration en l’honneur du peintre Gustave Courbet : bicentenaire de sa naissance, centenaire du retour de ses cendres dans son village natal d’Ornans, dans le Doubs.

L’homme est toujours célèbre de nos jours grâce à son fameux tableau peint en 1866, « L’origine du monde » où l’on voit une femme à demi dénudée, les cuisses largement écartées. D’où l’ire des académistes des Beaux-arts et de l’église. L’homme avait dit avant sa mort : Quand je serai mort, il faudra qu’on dise de moi : celui-là n’a jamais appartenu à aucun régime, si ce n’est le régime de la liberté. Ce n’est donc pas un hasard si les organisateurs des manifestations du bicentenaire (Université de Franche-Comté, département du Doubs, ville d’Ornans) ont écrit en introduction de leur dossier : Gustave Courbet était un homme libre, libre de peindre comme il l’entendait, libre d’exprimer ses idées…. Il était un des chefs de file de l’école des « réalistes » peignant nombre de paysages du Doubs et du Languedoc, mais aussi des scènes de la vie rurale, ce qui déplaisait fortement à un autre grand réaliste, Eugène Delacroix, qui trouvait ces sujets « vulgaires » : de simples paysans comtois ! Un des frères Goncourt a lui aussi passé son temps à dénigrer Courbet.

Anarchiste et communard

La Franche-Comté est la seule région française à avoir un nom politique et non géographique. Franche-Comté peut se traduire aujourd’hui par « région autonome ». Quant au Doubs, il s’agit d’une terre de contrastes : réservoir de curés au XIXe siècle, mais aussi terre d’influences libertaires mitoyenne de la puissante Fédération jurassienne suisse, principale section de la tendance anarchiste de l’AIT ou Première Internationale. Courbet était un proche de Proudhon, lui aussi Comtois. Le peintre sera élu conseiller du VIe arrondissement de la Commune de Paris, délégué aux beaux arts et président de la fédération des artistes. Celui qui fera protéger le Louvre et d’autres monuments des bombardements versaillais. Il fut accusé à tort d’avoir fait détruire la colonne Vendôme, mais dut tout de même la faire reconstruire à ses frais. Ruiné par les sbires de Thiers, il s’exile en Suisse à la Tour de Peilz après dix mois de prison. Il y meurt le soir du réveillon du 31 décembre 1877, à table, entouré de joyeux drilles.

Le colloque « Courbet Autrement » aura lieu les 27-28-29 juin à Ornans et Besançon. Des représentations théâtrales seront données à Ornans les 9-10 juin et 15-17 et 19 juin autour de l’œuvre du peintre. Du 31 octobre 2019 au 5 janvier 2020 : exposition « Courbet-Holder » avec des tableaux des deux peintres en collaboration avec les musées de la Confédération helvétique.

Le musée Courbet présente aussi une exposition du peintre chinois Yan Pei Ming du 10 juin au 30 septembre, artiste actuellement en résidence à l’Atelier Courbet.

 

Musée Courbet, 1 place Robert Fernier, 25290 Ornans, 03 81 86 22 88. Ferme Courbet, 28 rue Grande Rue, 25330 Flagey, 03 81 53 03 60.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante