Chez Nexans Paillart, la première grève depuis 40 ans

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

© Laurent GRANDGUILLOT/REA

Sur le site de Paillart, dans l’Oise, 98 % des salariés de Nexans ISF ont suivi la grève le 22 juin, réclament que leurs salaires soient alignés sur ceux des autres sites. Après un second jour de grève, le 27 juin, ils ont obtenu des avancées concernant leurs primes. La question des salaires, qui concerne la direction générale a été traitée à part lors d’une réunion le 9 juillet.

Chez Nexans Industrial Solutions Frances, sur le site de Paillart, dans l’Oise, il n’y avait pas eu de grève depuis près de 40 ans, souligne David Souillard, délégué central FO. Pourtant, en cette fin du mois de juin, la majorité des 112 salariés a arrêté de travailler pour exiger des meilleures conditions de rémunération et revendiquer des hausses de salaires et des primes. Devant l’usine, spécialisée dans la câblerie pour le secteur ferroviaire, le 22 juin, une banderole affichait fièrement « Nexans ISF Paillart en grève ». Face à l’immobilise de leur direction, les salariés ont tenu un second jour de grève, la semaine d’après, le 27 juin.

L’enjeu est avant tout salarial, explique David Souillard. Il y a des disparités de salaires entre les trois sites : les travailleurs de Paillart sont moins payés que ceux des sites de Mehun-sur-Yeres et d’Andrézieux. Un cabinet d’expert a déjà été mandaté sur le sujet et a rendu ses conclusions en novembre 2022. Entre Paillart et les deux autres sites, les différences salariales vont de 2 % à 7 %.

La question des salaires relève de la politique salariale de l’entreprise. Elle fut donc abordée avec la direction générale et la direction du site de Nexans lors d’une réunion le 9 juillet. Lorsqu’on leur a posé la question de cette différenciation de salaires entre les sites, ils nous ont d’abord répondu qu’ils avaient oublié de prendre en compte la prime de progrès dans l’audit du cabinet d’expert, ce qui est faux, s’indigne David Souillard. Finalement, ils nous ont dit que cette différence s’expliquait parce que Paillard est une plus petite ville que les autres sites et donc, la vie y est moins chère. Cet argument n’est pas recevable pour les salariés : un euro de gagner par son travail reste un euro, qu’importe l’endroit !

Nous avons obtenu 80 % de ce que nous demandions sur les primes

Le délégué central met le sujet sur la table lors des négociations annuelles obligatoires en mai dernier, ainsi que celles des primes. Mais il se heurte à un mur : Nous avons un très bon site mais la direction n’écoute pas se désole-t-il. Les salariés décident donc de se mettre en grève et, le 22 juin, ce sont 98 % des travailleurs en poste qui débrayent. Là encore, la direction reste immobile. Une deuxième journée de grève est organisée le 27 juin. La direction nous a proposé d’ouvrir les négociations si nous annulions la grève. Mais nous ne voulions pas choisir et nous sommes entrés en grève en même temps que nous sommes entrés en négociation, sourit David Souillard.

Finalement, durant ces négociations, nous avons obtenu 80 % de ce que nous demandions sur les primes, précise le militant. De fait, la prime d’équipe a été augmentée de 2 points, passant de 5 % à 7 %. Les grévistes ont également arraché une prime l’intéressement à hauteur de 500 euros pour le mois de juillet, conditionné à un minimum de 50 % de présence durant le premier semestre 2023, ainsi qu’une autre de 200 euros en août. Nous avons aussi obtenu que la prime de progrès n’intègre qu’une absence limitée sur le mois, détaille David Souillard. Enfin, concernant la prime de transport, le périmètre pris en compte pour le trajet passe de 20 km à 25 km.

Nous sommes forts de cette expérience

Dans cette usine où Force Ouvrière est le deuxième syndicat, si le travail a repris, la bataille ne fait que commencer. La suite va s’écrire l’année prochaine : on mettra d’autant plus la question des salaires sur la table que nous sommes forts de cette expérience, annonce le délégué central. L’une des autres revendications des grévistes, à savoir la reconnaissance de l’ancienneté qui devrait se traduire par un écart de salaires plus marqué entre les anciens et les nouveaux embauchés, n’est pas non plus oubliée. Ils revendiquent ainsi une revalorisation à hauteur de 18% de la prime d’ancienneté, dont le calcul est adossé au salaire. Sur le site de Paillart, 82% des personnes ont plus de 20 ans de maison souligne le militant.

Pour David Souillard, cette grève historique a mis en lumière un vrai malaise chez les salariés du site. Et ce malaise est ancien, précise le militant listant les combats encore à mener. Parmi ceux-là, il y aura la bataille pour le respect de l’accord concernant les 35 heures, pourtant signé il y a longtemps. Les règles sur les primes ne sont toujours pas appliquées. C’est dommageable !, s’indigne-t-il. Mais le délégué central FO le promet : il ne lâchera rien.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération