Crédit Agricole Côtes d’Armor : les salariés vent debout contre des conditions de travail insoutenables et l’absence de reconnaissance salariale

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

© Jean-Claude MOSCHETTI/REA

Il y a des signes qui ne trompent pas : des départs, des arrêts maladies… Depuis plusieurs années, les salariés de la caisse régionale du Crédit Agricole Côtes d’Armor font face à des objectifs commerciaux inatteignables et anxiogènes ainsi qu’un rythme de travail infernal. Ils ont dit stop. Des organisations syndicales, dont FO, ont appelé fin mars à la mobilisation. Sur fond de mécontentement salarial aussi, des négociations sont en cours.

C’est un malaise venu de loin qui s’exprime au sein du Crédit Agricole Côtes d’Armor. Les militants FO situent son point de départ à l’année 2019, lorsque la direction change. Quelques mois plus tard, le CSE lance des alertes dénonçant l’attitude de cette nouvelle direction. Un management par la peur s’est installé, raconte Erwan Jaguin, délégué syndical FO. Des personnes, cadres comme techniciens, ont été licenciées pour insuffisance professionnelle, du jamais vu au sein de la caisse régionale. Les salariés n’avaient donc aucune confiance en cette direction.

En juin 2021, le CSE émet un avis défavorable concernant la politique sociale de l’entreprise. Un coup d’épée dans l’eau. Cela n’a arrêté en rien la transformation et changé les manières de faire, déplore le militant. Au cours de l’année, un énième cas de maltraitance envers un salarié est constaté et indigne les collègues, raconte le délégué syndical. Nous savions que cela ne pouvait durer, mais sans savoir vraiment comment se mobiliser face à ces problèmes.

La moitié du personnel en grève

Les départs de salariés se multiplient alors, et ils ne sont pas systématiquement remplacés dans leurs postes. Tout comme les arrêts de travail, y compris pour burn-out, comptabilisés par la MSA. En mars 2022, lors d’un CSE, les organisations syndicales dénoncent unanimement les agissements de la direction avant de quitter la séance. La direction n’a eu aucune réponse, constate Erwan Jaguin. Le DRH proposait de nous recevoir mais seulement pour un rendez-vous informel. C’est ce qui nous a décidés à lancer la mobilisation intersyndicale.

Rendez-vous est pris le 31 mars. Ce jour-là, 400 salariés, sur les 1 200 que compte la caisse, se retrouvent devant le siège social à Ploufragan. Plusieurs centaines ont débrayé durant l’après-midi environ 600, estime le délégué syndical. Preuve de l’importance du mouvement : sur les 88 agences Crédit Agricole que compte le département, seules 14 étaient ouvertes.

Des objectifs commerciaux inatteignables et anxiogènes

Les revendications portent notamment sur les conditions de travail dégradées. Et dans les causes, les salariés évoquent en premier lieu des objectifs commerciaux inatteignables et anxiogènes ainsi qu’un rythme de travail insoutenable. Notre charge de travail augmente avec l’activité digitale, je pense aux mails, sms, Teams etc. Les collègues sont sur-sollicités et par des canaux de communication très divers.

Quant aux salaires... Le personnel dénonce une revalorisation de 0,8 %, octroyée au niveau national, soit très éloignée des taux d’inflation annoncés et reconnus par les experts économiques de la Direction du Crédit Agricole eux‐mêmes, précise le communiqué de presse appelant à la mobilisation. À la suite de celle-ci, nous avons été reçus plusieurs fois par la direction au cours du mois d’avril, relate Erwan Janguin. Nous demandions notamment une augmentation de 100 euros nets pour chaque salarié.

L’intersyndicale exige une nouvelle réunion

Lors d’une réunion le 26 avril, la Direction a transmis, elle, ses propositions jugées « insatisfaisantes » pour les organisations syndicales dont FO. Elle propose notamment de diminuer les objectifs d’un douzième et de supprimer un brieff quotidien sur les 5 prévus.

Mais sur les salaires, le compte n’y est vraiment pas. Elle évoque une augmentation de la rémunération commerciale, la partie de notre salaire qui dépend des objectifs collectifs, à hauteur de 360 euros annuels. Cela revient à 23 euros supplémentaires par mois, bien loin derrière les 100 euros que nous demandons. Autre subterfuge de la direction, parier sur le complément d’intéressement. Cela représenterait + 350 euros par salarié. Mais il ne s’agit pas du tout d’une hausse salariale à proprement parler !

L’intersyndicale a demandé une autre réunion afin que la direction présente des propositions plus concluantes. Et dans un délai rapide, insiste le délégué syndical. Sinon, nous sommes prêts à nous mobiliser avec les collègues, et plus question de parler seulement de débrayage cette fois-ci.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération