Déclaration commune sur la Turquie : la répression doit cesser

International par Secteur International Europe

Depuis la tentative de coup d’état avortée dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, le gouvernement turc, mené par le Président Erdogan, n’a cessé de mener une purge au sein de sa propre administration et en a profité pour faire taire toute opposition dans le pays. Il est grand temps que cette oppression cesse et que les valeurs et les principes démocratiques soient respectés.

Lettre n°37
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Il est inconcevable qu’un partenaire privilégié de l’Union Européenne arrête, enferme et menace enseignants, journalistes, politiques, syndicalistes et autres. L’ensemble des syndicats français, y compris Force Ouvrière, interpelle le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, afin qu’il agisse au niveau international.

Les organisations syndicales entendent ainsi montrer leur soutien aux opprimés en Turquie et plus particulièrement à leurs partenaires de toujours, les syndicats DISK, HAK-IS et KESK.

Monsieur Jean-Marc Ayrault
Ministre des Affaires étrangères
37 Quai d’Orsay
75007 Paris

Paris, le 23 novembre 2016

Monsieur le Ministre,

En octobre dernier vous avez effectué une mission officielle en Turquie.

Les nouvelles qui nous parviennent de ce pays sont de plus en plus alarmantes.

Depuis la tentative de coup d’État avortée du 15 juillet dernier, l’état d’urgence est instauré dans tout le pays, que votre homologue turc a qualifié de similaire qu’en France.

Mais, sous prétexte de punir le réseau des responsables, qualifiés de terroristes, ainsi que toute personne supposée avoir des liens avec le terrorisme, 111 000 personnes ont été limogées ou suspendues par décrets, dont 48 500 dans l’enseignement et les universités, 34 000 des ministères de la santé, de la justice et de l’intérieur, 22 000 dans la police.

Les médias sont aussi une cible importante : 170 ont été fermés, 777 cartes de presse confisquées, 2 500 journalistes licenciés, 105 journalistes mis en prison, portant à 142 le nombre de journalistes détenus.

Après cette première vague d’arrestations (plus de 36 000) et de licenciements, la première semaine de novembre a donné lieu à une véritable escalade de la répression tous azimuts, l’arbitraire étant devenu une règle.

Le 29 octobre, jour anniversaire de la République, les autorités limogeaient plus de 10 000 fonctionnaires supplémentaires, annonçaient la fermeture de 15 autres médias et la limitation des droits des avocats. Désormais, les recteurs d’université ne seront pas élus, mais choisis par le président de la République.

Le 31 octobre à l’aube, la police turque faisait une descente aux domiciles de plusieurs journalistes du quotidien d’opposition Cumhuriyet, « La République », et arrêtait neuf d’entre eux.

Le 1er novembre, était nommé un administrateur pour diriger la principale ville du sud-est à majorité kurde de la Turquie, Diyarbakir, dont les co-maires, accusés d’activités terroristes, avaient été placés en détention deux jours auparavant. Une vingtaine de mairies de la région avaient subi le même sort en septembre.

Le 4 novembre, les co-présidents et plusieurs députés du Parti démocratique des peuples (HDP), ont été placés en détention préventive. Le HDP est le troisième parti à l’Assemblée nationale, ayant obtenu 13 % des voix, soit 6 millions de votes, aux élections de juin 2015.

Les autorités bafouent sciemment la Constitution en vigueur, se livrant à une entreprise de musellement de toute opposition. L’État de droit est en train de disparaître, au profit de l’instauration de ce qu’il faut appeler par son nom, une dictature.

Aucun critère ne peut justifier ces purges collectives qui ne sont fondées sur aucune preuve d’acte répréhensible.

Vous n’êtes pas sans savoir que ces atteintes graves et répétées contreviennent aux dispositions de la Convention européenne de sauvegarde de droits de l’Homme et des libertés fondamentales dont la Turquie est pourtant signataire.

Nous vous appelons à agir par tous les moyens pour le respect de cette Convention en Turquie, pour le règne du droit et de la justice, des valeurs et des principes démocratiques.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos sentiments les plus distingués.

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