Des secteurs toujours mobilisés malgré les réquisitions

InFO militante par Clarisse Josselin, L’Info Militante

© UD-FO 27

Le gouvernement a beau avoir lancé des réquisitions de personnels pour éviter que les grèves contre la réforme des retraites ne paralysent l’économie, les mobilisations se poursuivent dans plusieurs secteurs. L’énergie reste l’un des fers de lance de la contestation. Il y a des piquets de grève qui tiennent un peu partout, dans les centrales nucléaires, dans les centrales hydrauliques des vallées alpines ou sur le site CNR de Bollène, explique Alain André, secrétaire général de la fédération FNEM-FO. Des réquisitions de personnel imposées pour équilibrer le réseau électrique n’empêchent pas des baisses de production, deux fois plus fortes les jours d’appel à la mobilisation interprofessionnelle.

Du côté du pétrole, la grève à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) est entrée dans sa cinquième semaine. Le syndicat FO a voté sa poursuite jusqu’au 5 avril, date où l’intersyndicale devait rencontrer la Première ministre. Le mouvement pourrait être reconduit. Les six autres raffineries françaises sont confrontées à des difficultés de fonctionnement, liées au blocage des expéditions ou à l’arrêt de la production, y compris pour maintenance. Bien que des personnels aient été réquisitionnés, de multiples stations-services manquent d’au moins un carburant.

Encore 20 % des vols annulés

Dans le transport aérien aussi, les contrôleurs du ciel sont mobilisés depuis des semaines et des grèves se déclenchent localement chaque jour. La Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a encore demandé aux compagnies aériennes de renoncer préventivement à 20 % de leurs vols les 3 et 4 avril dans plusieurs aéroports (Marseille, Bordeaux, Paris-Orly…), pour les quinzième et seizième journées consécutives.

Si le ramassage des déchets reprend à Paris, d’autres communes voient les sacs poubelle s’amonceler, comme à La Rochelle où un préavis de grève illimitée a été déposé par deux syndicats d’Urbaser Environnement, dont FO, à partir du 4 avril. Des militants FO participaient aussi, le 3 avril, au blocage d’un site de gestion des déchets au Havre.

Le CCN de FO, qui s’est réuni les 29 et 30 mars à Paris, s’oppose à toute attaque contre le droit de grève et réaffirme son opposition à toute réquisition.

 

La grève ou les effort consentis pour défendre les droits collectifs

Alors que gouvernements et patronat arguent régulièrement des répercussions lourdes des grèves sur l’économie, il faut relativiser. Si selon les économistes, l’impact peut être important (sur la production par exemple) le temps de la grève, d’autant plus si elle dure, il est neutralisé par la reprise de l’activité. Les grèves contre des réformes des retraites en 1995, 2007, 2010 ou encore celles de l’hiver 2019-2020 contre un régime universel ont impacté la croissance du PIB de 0,1 à 0,2 point et sur la seule période trimestrielle concernée. Un effet limité donc alors qu’il en est tout autrement pour les salariés en grève, notamment les plus modestes, tels les Smicards. Aux pertes de salaire s’ajoute actuellement l’impact de l’inflation forte (+ 15,8 % sur l’alimentation par exemple). Et ce n’est pas la revalorisation de 1,6 % au 1er avril de prestations sociales, telle la prime d’activité, qui est de taille à rayer leurs difficultés. Depuis janvier, engagés dans les grèves, ces millions de salariés modestes donnent tout son sens au combat syndical pour la défense des droits collectifs.

VALÉRIE FORGERONT

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’Info Militante

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