C ’est sans doute la négociation la plus scrutée par le gouvernement. Et pour cause : dans les négociations sur l’emploi des seniors (« Pacte de la vie au travail »), démarrées fin décembre et prolongement de la réforme des retraites, syndicats et patronat devaient adapter les règles ouvrant droit à une indemnisation chômage plus longue à partir de 53 ans. L’exécutif, qui a refusé d’agréer la convention d’Assurance chômage faute de volet sur les seniors, attend donc de pied ferme un accord. Dans le document d’orientation, il a en outre fixé des objectifs pour le moins irréalistes : les mesures négociées devraient permettre de doubler le taux d’emploi des 60-64 ans, de 33 % à 65 % d’ici 2030. Le tout sans dépenses publiques supplémentaires. Problème : la négociation, rentrée dans le vif début février, patine. À tel point que, fait rare, les cinq organisations syndicales, dont FO, ont adressé dix propositions communes au patronat le 19 mars pour faire bouger les lignes. Elles revendiquent en premier des négociations de branche et d’entreprise obligatoires, avec des objectifs chiffrés d’embauches de seniors, assortis de pénalités en cas de non-respect. Elles demandent aussi un véritable droit à la reconversion professionnelle, et des négociations de branche pour prévenir la pénibilité.
Un texte qui dédouane les employeurs
Nous avons adressé des propositions sur le fond. Le patronat, lui, nous répond sur la forme. Et il n’a pas bougé d’un pouce !
, pointait Michel Beaugas, secrétaire confédéral chargé de l’emploi et des retraites, après la séance de négociation du 20 mars. Le Medef maintient ainsi sa volonté d’un CDI de fin de carrière
à partir de 60 ans, refusé en bloc par les syndicats. Il tente aussi de faire passer une refonte de la formation professionnelle, où les projets de transition professionnelle (PTP), en cas de projet de mobilité externe, s’accompagneraient… d’une démission. Le texte déresponsabilise l’entreprise et accroît la flexibilité pour les salariés seniors. Ce n’est pas possible !
, résume Michel Beaugas. Syndicats et patronat devaient conclure leurs travaux le 26 mars, mais face aux divergences, ce sera finalement le 8 avril. Malgré la pression du gouvernement, les syndicats l’ont rappelé : pas question d’aborder le sujet de l’indemnisation chômage des seniors. L’enjeu est d’obtenir des droits pour le maintien en emploi des seniors. Et des obligations pour les employeurs.