[Exposition] L’Arc de triomphe empaqueté

InFO militante par Christophe Chiclet, L’inFO militante

© Teresa SUAREZ/REA

La dernière volonté de l’artiste plasticien-sculpteur, Christo, empaqueter l’Arc de triomphe, est désormais chose faite, sous la supervision de son neveu Vladimir Javachev.

Christo Javachev (13 juin 1935 – 31 mai 2020), artiste plasticien-sculpteur d’origine bulgare, avait prévu d’empaqueter l’Arc de triomphe au printemps 2020. Ses dossiers, son financement, ses équipes, tout était prêt. Mais les mouvements sociaux ainsi que la crise sanitaire ont conduit à reporter le projet que n’a donc pu concrétiser l’artiste.

Christo décédé avant la mise en œuvre de son dernier projet, c’est son fidèle neveu, Vlado, qui a repris le flambeau. Les 50 mètres de hauteur de l’Arc de triomphe ont été empaquetés avec 25 000 mètres carrés de tissu recyclable en polypropylène couleur argent-bleuté, retenus par trois kilomètres de cordes rouges. Peu avant sa mort, Christo avait déclaré : « L’empaquetage de l’Arc de triomphe sera comme un objet vivant qui va s’animer dans le vent et refléter la lumière. Les plis vont bouger, la surface du monument devenir sensuelle ». Coût de l’opération : 14 millions d’euros, totalement autofinancée par la vente des maquettes, des dessins, des cartes postales de la société de Christo qui ne voulait pas dépendre des pouvoirs publics. Comme toujours, ses happening sont éphémères. L’arc sera désempaqueté dès le 3 octobre.

L’œuvre de Christo

Dans nos colonnes en juin 2020 nous avions présenté cet artiste hors du commun à l’occasion de sa disparition (« Christo est parti empaqueter le paradis »). Pour Christo Paris, était incontournable. Fuyant la Bulgarie jivkovienne en 1956, il passe par Vienne puis arrive enfin à Paris en 1958. C’est là qu’il rencontre une rousse flamboyante, fille adoptive du directeur de l’école polytechnique de l’époque, Jeanne-Claude, qui sera plus que sa muse car si Christo s’occupe des études, des dessins, des maquettes, c’est elle qui se charge de la réalisation concrète des empaquetages.

À Paris Christo fréquente le groupe des « Nouveaux réalistes » fondé en 1960 par Yves Klein, avec le sculpteur Arman et le critique d’art Pierre Restany. En 1964, le couple s’installe à New-York, se rapprochant de l’école du « Land Art ». Mais Paris n’est jamais loin. Du 22 septembre au 7 octobre 1985, il emballe le Pont neuf construit en 1578. 40 000 mètres carrés de toile couleur pierre, 13 kilomètres de cordes, et trois millions de visiteurs.

Quant à l’Arc de triomphe, l’idée remonte à 1961. En 1963 Christo réalise un photomontage de son projet. En 1988, il en fait un collage. Enfin, en 2017, il se lance dans l’aventure qui est acceptée par l’Élysée et la mairie de Paris deux ans plus tard. À l’été 2020, le Centre Pompidou avait organisé l’exposition « Christo et Jeanne-Claude à Paris », retraçant la vie du couple dans la capitale de 1958 à 1964. Voilà donc désormais la dernière œuvre, posthume, de ce diable de bulgare disparu le 31 mai 2020.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération