Dans les 3 000 mètres carrés de la Halle des Grésillons de la commune de Gennevilliers, réhabilitée par l’architecte Patrick Bouchain, sont présentées des œuvres provenant des fonds d’art, trop souvent méconnus, constitués au fil des années par les communes d’Île-de-France et plus particulièrement de la fameuse et historique « banlieue rouge ». Ces œuvres étaient exposées en Mairie, dans la salle des mariages, le bureau de l’élu, dans d’autres endroits ouverts ou fermés au public, et souvent en sous-sol dans les réserves, au milieu des dossiers d’état civil des siècles passés. Inventaire à la Prévert, on y trouve deux peintures religieuses du XVIIe siècle (l’une italienne, l’autre flamande), les bijoux d’Elsa Triolet, des peintures de Caillebotte, Chagal, Valtat, Léger, Kijno, des photos de Doisneau et Ronis, des sculptures de César, des pochoirs de Miss.Tic et bien d’autres trésors, mis en scène par Guillaume Lanneau et Bruno Charzat, sous la houlette du commissaire de l’exposition Noël Coret. On retrouve ainsi les périodes impressionnistes, fauviste, cubiste, jusqu’au street art.
Une exposition autour de sept thèmes
L’art sortant des communes de la banlieue ouvrière parisienne est présenté autour de sept références tout à fait pertinentes : « Témoigner de son temps par tous les moyens de l’art », « Brutalité des mutations démographiques, paysages ruraux-paysages urbains », « Ce que nous disent les rues et les murs des banlieues », « Un art décoratif pour les mairies : tapisseries, peintures, sculptures », « Guerres et révolutions : résonances en banlieues », « Expressions plurielles en banlieue », « L’art sacré aux yeux de tous ».
Après la répression de la Commune de Paris en 1871, Paris la Rouge a été vidée de ses éléments révolutionnaires, politiquement d’abord, puis économiquement ensuite, jusqu’à aujourd’hui où les derniers arrondissements populaires de l’Est sont « boboïsés » à vitesse grand V depuis une quinzaine d’années seulement. Dès le début du XXe siècle, le mouvement ouvrier a pris racine dans la petite couronne, bastion socialiste, puis communiste, mais aussi terreau des militants syndicalistes. C’est de cette couronne que sont venus les ouvriers pour sauver la République lors de la manifestation des ligues fascistes factieuses le 6 février 1934. Pas de libération de Paris en août 1944, sans l’apport des travailleurs de Pantin, Aubervilliers, Montreuil, Saint-Denis, Vanves... Une banlieue aujourd’hui saignée à blanc par la politique néolibérale faisant de la Seine Saint-Denis un des départements urbains les plus emblématiques de la crise sociale.
Gennevilliers, Halle des Grésillons, métro Gabriel-Péri, sortie 1, du mardi au vendredi de 9h00 à 19h00, samedi, dimanche de 9h00 à 18h00, entrée libre. Jusqu’au 30 novembre. |