FO s’oppose au « Plan étudiants » du gouvernement

Éducation par Nadia Djabali

Jean Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, Édouard Philippe, Premier ministre, et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, lors de la présentation du Plan éudiants au ministère de l’Enseignement superieur, de la recherche et de l’innovation. © Nicolas TAVERNIER/REA

Les organisations de lycéens, d’étudiants et des personnels du secondaire et du supérieur sont sur le qui-vive. Une réunion entre fédérations syndicales est prévue mardi 28 novembre. Dans leur ligne de mire, le « Plan étudiants » concocté par le gouvernement. Le projet de loi doit être examiné par le parlement courant décembre pour une mise en place dès la rentrée 2018.

Le problème fondamental, résume Jérôme Legavre, secrétaire fédéral de la Fédération FO de l’enseignement, de la culture et de la formation professionnelle (FNEC-FP FO), c’est qu’il y a de plus en plus d’étudiants et de moins en moins de place dans l’enseignement supérieur. Donc soit on crée des postes, soit on sélectionne. Le gouvernement a choisi de sélectionner.

En tête de gondole de la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur : la suppression de la sélection par le tirage au sort et la mise en place d’une nouvelle plateforme sur laquelle les lycéens pourront déposer dix vœux. Mais de nombreuses mesures en rayon ont provoqué les réticences des personnels de l’enseignement secondaire et du supérieur. Suffisamment pour que le Conseil supérieur de l’éducation ait émis un avis négatif début novembre, avec 42 voix contre (dont FO, FSU, CGT, SUD, FCPE, Unef, SGL) et 30 voix pour (dont Snalc-FGAF, Unsa, Sgen-CFDT, Medef).

Des inquiétudes fortes

Pour cette réforme menée au pas de charge, la crainte plus importante de la FNEC-FP : la remise en cause, voire la disparition, du baccalauréat en tant que diplôme national et du droit pour chaque bachelier de suivre les études supérieures de son choix. Une inquiétude confortée par les prérequis qui seront demandés dans certaines filières. Une situation s’apparentant à une sélection alors que le code de l’Éducation prévoit qu’à l’université le premier cycle est ouvert à tous les titulaires du baccalauréat.

Réforme du baccalauréat

Dans les classes de terminale, l’avis du conseil de classe, revêtant jusqu’à présent qu’une valeur consultative, deviendra contraignant. Dès décembre 2017, un second professeur principal sera nommé dans chaque classe de terminale et deux semaines seront consacrées à l’orientation. Le conseil de classe examinera les vœux du lycéen et participera à un avis formulé par le chef d’établissement. Transformant ainsi les enseignants en acteurs de la sélection. Ils ne sont pas qualifiés pour cela, relève Jérôme Legavre. C’est le métier des conseillers d’orientations psychologues. Mais, poursuit-il, la politique d’austérité a pour conséquence la remise en cause de ces derniers et la fermeture des centres d’information et d’orientation (CIO).

À partir de 2021, le baccalauréat sera composé de quatre épreuves finales et fera la part belle au contrôle continu. Le bac, diplôme national, ne vaudra plus que par la réputation du lycée, alerte Jérôme Legavre. L’admission universitaire sera déterminée par le parcours de chaque élève selon qu’il a fréquenté le lycée Henri IV ou un lycée de banlieue populaire.

Les besoins des entreprises

À l’université, l’introduction d’une sélection basée sur le parcours individuel pourrait généraliser un système inégalitaire qui distingue des facs voies de garage et des établissements disposant de moyens importants. Autre inquiétude : une commission d’accès au supérieur dans le cadre des régions sera installée dans chaque région académique et présidée par le recteur. Elle redéfinira la carte des formations supérieures selon les besoins socio-économiques des régions. La pression des entreprises locales ne va pas manquer de s’exercer sur le contenu des formations, menaçant le cadre national républicain., s’inquiète la FNEC-FP.

Pour le moment, les personnels, les étudiants et les lycéens prennent connaissance du projet de réforme. Des rencontres entre fédérations syndicales réclamant le retrait du « plan étudiants » sont d’ores et déjà programmées pour faire le point sur les actions possibles.

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante

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