Gard : Avec le vent en poupe FO met le cap sur les revendications et le rapport de force

Congrès d’UD par Evelyne Salamero, Patrick Privat

Une Union départementale de résistance et de revendications sociales. C’est ainsi que les délégués au XXIXe congrès des syndicats de l’Union Départementale FO définissent leur organisation syndicale, comme le rappelle dès ses premières lignes leur résolution générale adoptée à l’unanimité à l’issue des travaux. Des travaux qui ont eu lieu le 19 juin, soit moins de dix jours avant la « journée interprofessionnelle de revendications et de mobilisations » appelée par les confédérations FO et CGT, ainsi que trois organisations de jeunesse.

Au total 240 adhérents FO ont participé au XXIXe congrès de l’Union départementale FO du Gard qui s’est tenu le 19 juin à Pont-du-Gard, dont 114 délégués représentant 66 des 90 syndicats FO du département.

Les travaux se sont déroulés sous la présidence de Patrick Privat, Trésorier confédéral, assisté d’un président d’honneur en la personne de André Gilly, le doyen de l’Union Départementale, ancien responsable de l’Union Locale de Bagnols-sur-Cèze et qui aujourd’hui âgé de 89 ans, distribue encore des tracts au personnel de l’Ehpad où il réside désormais, organisant ainsi la syndicalisation des salariés qui l’entourent.

Des militants qui ne lâchent jamais !

Et ce n’est certainement pas un hasard si le secrétaire général de l’Union Départementale, Gilles Besson (réélu), a consacré ses premiers mots à saluer et rendre hommage à ce militant, ce camarade qui ne lâche jamais !, invitant les participants au congrès à lire la brochure écrite par lui il y a quelques années sur mai-juin 1968 à Marcoule et Bagnols-sur-Cèze et disponible dans les pochettes distribuées aux congressistes.

Ce camarade qui ne lâche jamais… Au final, tout le congrès aura été à son image.

Délégués de Carrefour, d’Orano (ex-Areva), d’Enedis, de la Polyclinique du Grand Sud, de la sécurité civile, d’Orange, de l’Action Sociale, d’Eminence (textile), de la CPAM, des Finances... Au total une vingtaine de délégués sont intervenus à la tribune, chiffre qui illustre le dynamisme de l’Union Départementale.

Beaucoup ont exprimé un fort mécontentement quant aux conséquences des ordonnances, notamment la fusion des IRP, via la création du CSE. Les militants constatent que ces ordonnances constituent une attaque frontale contre les organisations syndicales. Non, Ils n’ont pas tourné la page. Maintenant Ils revendiquent leur abrogation, résume Gilles Besson.

Unifier le combat syndical mais pas n’importe comment

Faisant leurs les résolutions adoptées par le récent congrès confédéral de la CGT-FO à Lille, et les annexant d’ailleurs à leur propre résolution générale, les délégués ont tenu à mettre l’accent sur la réalisation d’un rapport de force efficace.

Soucieux de la réalisation du rapport de force le meilleur, les délégués ont ainsi mandaté l’Union départementale pour unifier au sein de l’UD autant que de besoin le combat syndical.

Au-delà, ont-ils souligné, cette unification pourra s’étendre si nécessaire aux autres organisations syndicales du département à travers un accord d’unité d’action sur des bases revendicatives clairement définies.

En revanche, les congressistes ont marqué une limite claire : Le congrès ne s’inscrit pas dans les démarches de soi-disant unité politico-syndicale qui conduiraient le syndicalisme à se dénaturer et à aliéner son indépendance, sur des bases sans revendications claires et définies par ses syndicats.

Mobilisation : une résolution spécifique de soutien aux cheminots et de réussite du 28 juin

Signe des temps, alors que leur congrès se réunissait à moins de dix jours de la journée de mobilisations du 28 juin à l’appel de la confédération FO, de la CGT et de trois organisations de jeunesse, les délégués ont adopté, en plus de leur résolution générale, une résolution de soutien aux cheminots et de réussite du 28 juin 2018.

Les délégués commencent par y exprimer leur soutien à la résistance des cheminots qui, avec leur syndicat du Gard, depuis presque trois mois, par la grève, exigent le retrait de la réforme détruisant leur statut et privatisant en le faisant éclater le service public ferroviaire.

Ils se félicitent ensuite de l’appel du 12 juin signé par la confédération FO à faire de la journée du 28 juin 2018 une grande journée de revendications et de mobilisations […] dans la perspective d’une mobilisation interprofessionnelle, avec la plus grande unité possible.

Enfin, très logiquement, le congrès appelle tous les syndicats et adhérents FO du Gard à se mobiliser pour réussir cette mobilisation du 28 juin.

Pour améliorer le rapport de force, il faut aussi se développer encore et encore

La nécessité de maintenir et de renforcer les unions départementales comme les Unions locales va de pair avec le syndicalisme de proximité que défend FO : c’est sur le terrain, au plus proche des travailleurs afin de mieux les protéger, que se concrétise quotidiennement la tâche première du syndicat. Je salue le travail réalisé en ce sens par l’UD 30 ces dernières années., a écrit Pascal Pavageau dans une lettre adressée aux congressistes.

Avec une augmentation de 18% des timbres placés de 2013 à 2017, les militants FO gardois ont effectivement de quoi se féliciter.

Ce développement a notamment été rendu possible par un effort considérable en matière de formation syndicale, puisque l’Union départementale a accueilli 960 stagiaires ces trois dernières années (ce qui représente un stage par mois) contre 450 sous la précédente mandature. L’embauche d’une juriste à temps plein est également quelque chose de très porteur, d’autant que nous sommes la seule organisation syndicale du département à l’avoir fait, souligne Gilles Besson.

Mais les militants gardois ne comptent visiblement pas se reposer sur leurs lauriers. Ils ont notamment mandaté l’Union Départementale pour continuer la politique de recherche et d’aide à la mise en place de nouvelles implantations syndicales.

La question du développement syndical pour défendre au mieux les droits collectifs est d’autant plus vitale pour les militants FO du Gard que leur département figure parmi ceux dont la situation économique et sociale est le plus dégradée.

Le troisième département français le plus touché par le chômage et dont 46% des ménages dépendent des aides sociales

Avec un taux de chômage de 13,40% soit 4,1% de plus que la moyenne nationale (8,9%), le Gard est le troisième département le plus touché par le chômage. Pas moins de 33,3% des jeunes gardois (15-24 ans) sont sans emploi (20,8% à l’échelle nationale). Le taux de demandeurs d’emplois atteint près de 10% chez les plus de 50 ans : 9,7% contre 6,3% de moyenne nationale.

Pas moins de 20% des Gardois vivent en dessous du seuil de pauvreté (contre 14% de moyenne nationale). Moins d’un ménage gardois sur deux est imposable. La moyenne des revenus annuels des Gardois est de 22 120 euros contre 26 300 euros à l’échelle du pays en 2014.

La dépendance aux prestations sociales est très élevée : 46% des ménages du Gard reçoivent des aides sociales.

Le département compte 18 quartiers prioritaires dans le cadre de la politique de la ville, soit un record pour un département si peu urbain.

Si la situation économique et sociale du département le place parmi ceux qui sont le plus atteints par le chômage, la précarité, la pauvreté, la délinquance et les tensions à caractère raciste et communautariste, cela est dû au double effet du désengagement de l’État de toute politique économique volontariste et de la désindustrialisation que le département a subi en conséquence de la recherche par les grands groupes et multinationales de toujours plus de profits. Ces processus, combinés à la remise en cause du tissu agricole traditionnel ont égrainé les cinquante dernières années, transformant un département prospère en réserve touristique et d’emplois de service de peu de valeur ajoutée, ont dénoncé les congressistes.

De fait, 56% des entreprises du département appartiennent au secteur des services, 17% au Commerce, 14% à la construction, 7% à l’agriculture et seulement 6% à l’industrie.

Les orientations et décisions gouvernementales conduisent à une véritable catastrophe

Dans ces circonstances, il apparaît que les orientations et décisions gouvernementales de restrictions budgétaires, qu’elles touchent des collectivités locales, les établissements publics de santé et les services ministériels déconcentrés conduisent à une véritable catastrophe. Sans compter la marche à la privatisation, prélude à sa disparition du site [nucléaire, NDLR] de Marcoule qui a lui seul permet, tant bien que mal, au Grand Rhodanien de tenir la tête à ras de l’eau.

On ne s’étonnera donc pas que mandat ait été donné à l’Union départementale pour prendre en permanence les mesures aptes à aider les syndicats qui s’opposent à ces processus de démantèlement des services publics et de l’emploi.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

Patrick Privat Trésorier confédéral