Hausse de l’électricité : les petits budgets soumis à l’électrochoc

Énergie par Michel Pourcelot

La hausse annoncée des tarifs réglementés de l’électricité, flirtant avec les 6% et prévue pour la mi-juin, gêne le gouvernement aux entournures et menace les ménages modestes.

L’hiver est terminé, selon le ministre de l’Écologie, pour qui, après le gel, les factures d’électricité peuvent désormais croître. La parole moins bucolique et la posture plus fataliste, la secrétaire d’État auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, a, quant à elle, estimé que « cela sera probablement difficile de ne pas augmenter ». Quoi qu’il en soit, la chauffe des factures devrait intervenir à la mi-juin et quelque peu étouffer les ménages modestes avec un bond de 5,9% sur les tarifs réglementés de vente (TRV) de l’électricité. Un rattrapage calculé par la CRE, la commission de régulation de l’énergie (CRE), qui, en février, l’a demandé "aussitôt que possible". La raison invoquée est la hausse des prix du courant sur le marché de gros, au grand malheur des petits budgets.

Cette nouvelle augmentation va concerner tous les consommateurs résidentiels abonnés au tarif bleu d’EDF, soit 25,6 millions de foyers, et les petits professionnels (3,2 millions). En 2016, la facture d’électricité avait déjà atteint en moyenne 960 euros, et beaucoup plus pour d’autres. Effective depuis le 1er juillet 2007 pour les particuliers, la libéralisation heureuse du marché du gaz et de l’électricité est loin de n’avoir fait que des heureux. Depuis 2009, la hausse est supérieure à l’inflation : 4,3% contre 0,5%.

Inévitable, vraiment ?

Une hausse qui « n’est pas supportable pour les ménages les plus fragiles, notamment ceux qui se chauffent à l’électricité, et pour qui la facture annuelle tourne autour de 1500 euros. Ils devront s’attendre à payer près de 85 euros supplémentaires.

L’augmentation de 50 euros accordée sur le "chèque énergie" ne parviendra donc même pas à compenser. Cela pèsera forcément encore un peu plus sur les budgets », a souligné dès le 25 janvier le médiateur de l’énergie. Pour lui un tel bond n’est pas inévitable. Un des moyens « serait de modérer la taxe carbone, au moins tant que les prix de marché demeurent élevés. Comme ce qui a été fait pour le carburant d’ailleurs. Compte tenu du climat social actuel, il serait imprudent de la part du gouvernement de ne pas faire un geste ». Sauf que l’exécutif cultive une certaine économie de ses gestes.

Michel Pourcelot Ex-journaliste à L’inFO militante