Hollywood : grève massive des scénaristes pour le respect de leurs droits

InFO militante par Fanny Darcillon, L’inFO militante

© HILARY SWIFT/The New York Times-REDUX-REA

Les plumes du cinéma et de la télévision veulent une meilleure rétribution des contenus du streaming, et des garanties face à l’arrivée de l’intelligence artificielle. Ils pourraient bientôt être rejoints par les acteurs.

Hollywood peut s’attendre à un été très perturbé : la grève des scénaristes de cinéma et de télévision, entamée le 2 mai, est entrée dans son troisième mois sans perspective de résolution à court terme. Plus de 11 000 artistes représentés par leur syndicat, la Writers Guild of America (WGA), ont posé leur plume pour revendiquer des salaires à la hauteur et des réponses aux nouveaux enjeux auxquels fait face l’industrie, tels que la diffusion en streaming et l’intelligence artificielle.

Outre une revalorisation salariale pour faire face à l’inflation, les scénaristes demandent ainsi un calcul plus avantageux des rémunérations dites résiduelles, liées à la rediffusion des œuvres, source de bénéfices importants pour les producteurs. Lors du passage de son film à la télévision, un scénariste touche une somme importante, mais celle-ci est réduite à peau de chagrin dans le cadre des plateformes de streaming, où les vidéos sont disponibles en continu pendant des années. À travers la question de ces droits d’auteur, c’est aussi le respect dû à la création culturelle à l’ère des nouvelles technologies que défend le syndicat.

Limiter le recours à l’intelligence artificielle

Les négociations avec l’AMPTP, alliance qui représente les studios et les plateformes telles que Netflix, Disney+ ou Apple TV, n’ont pour l’instant pas donné satisfaction. Autre pierre d’achoppement pour les deux organisations en conflit : l’arrivée progressive de l’intelligence artificielle (IA) dans le milieu. Début mai, le producteur de cinéma Todd Lieberman avait déclaré : Dans les trois prochaines années, vous verrez un film écrit par l’IA, […] un bon film. Les scénaristes refusent la possibilité que les robots intelligents soient utilisés pour générer des idées de scénarios ou les développer.

Plus précisément, la WGA cherche à obtenir la garantie que les contenus produits par l’IA ne puissent pas être considérés comme des productions « littéraires » ou « source », étiquettes qui déclenchent le versement de royalties. Le syndicat refuse également que les scénarios écrits par ses adhérents soient utilisés pour entraîner des IA. Face à ces enjeux, deux points clés se détachent, souligne Branislav Rugani, secrétaire confédéral du secteur international chez FO :  La régulation de l’IA au travail doit passer par la négociation collective, et à la fin, l’humain doit toujours garder la main.

Une autre force en présence pourrait faire pencher la balance : la SAG-AFTRA, syndicat qui représente 160 000 acteurs, est elle aussi en négociation avec l’AMPTP jusqu’au 12 juillet. Si ces discussions ne mènent pas à un accord satisfaisant, de nombreux acteurs, parmi lesquels Jennifer Lawrence, Ben Stiller et Meryl Streep, ont d’ores et déjà appelé leur syndicat à rejoindre la grève des scénaristes. Ces artistes ne veulent rien de moins qu’un  accord transformateur, et exhortent leurs représentants à écrire l’histoire en obtenant les protections que l’on mérite. Si les acteurs et les scénaristes venaient à faire front commun, il s’agirait alors de la plus grosse grève à Hollywood depuis 1960, où leur alliance avait permis la victoire.

Fanny Darcillon

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération