Ingrid Durimel, c’est gratifiant pour moi d’apporter ma petite pierre à l’édifice syndical

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

© F. Blanc

On n’entre pas dans la pénitentiaire par vocation mais on y reste parce que l’on aime ce qu’on y fait. Agent de surveillance depuis 2007 à la prison de la Santé à Paris et, depuis 2021, première surveillante, Ingrid Durimel s’est engagée aux côtés de FO en 2014.

I ngrid Durimel, 40 ans et mère de quatre enfants, a été secrétaire locale FO à la prison de la Santé à Paris de 2019 à 2021 avant de choisir de revenir sur le terrain après sa réussite au concours de première surveillante. Celle qui reste une militante et occupe plusieurs mandats, s’occupe des parloirs et gère une équipe de seize surveillants. C’est un peu plus de travail administratif que surveillant mais c’est aussi du terrain au contact des détenus, de leurs familles, de leurs enfants, des juges... Pour Ingrid, tout a commencé en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre. Titulaire d’un BEP comptabilité, la jeune femme connaît alors la galère des petits boulots. Or j’avais une bouche à nourrir, mon jeune fils ! En 2006, elle passe des concours pour entrer dans la fonction publique et se jure que le premier qu’elle réussira sera le bon. Ce sera celui de la pénitentiaire. Direction la métropole pour huit mois de formation : à Agen, pour la partie théorique, et dans deux prisons pour les stages. D’abord à Fleury-Mérogis, établissement flippant par sa grandeur, puis à la prison de la Santé. Là, elle apprend le métier et fait connaissance avec ses collègues dont beaucoup de natifs des Antilles. Ils m’ont soutenue, portée. Fin de la formation. Elle devient surveillante, agent de catégorie C, et obtient un poste dans ce même établissement.

On est en passe de gagner

C’est un métier fatigant et usant. Le service du matin c’est de 7h à 13h puis on poursuit, avec la nuit, de 19h à 7h. Le rythme normal de quatre jours de travail pour deux jours de repos n’est quasiment jamais une réalité car l’on manque de personnels et le nombre d’arrêts maladie est important. Il faut d’ailleurs souvent rappeler les agents sur leurs repos. À la prison de la Santé, sur quelque 300 agents de surveillance on compte environ 10 % de l’effectif en arrêt de travail, évalue Ingrid, opposée au projet de réforme des retraites visant un recul de l’âge légal de départ, y compris pour le service actif, statut dont elle relève... Ce n’est pas faisable ! Partir à 59 ou 60 ans ? Mais faudrait-il mourir dans les coursives des établissements ?!

La carrière de surveillant manque d’attractivité, et pour Ingrid c’est cela qu’il faut rectifier. La pénitentiaire peine à recruter. Le salaire ne suit pas. On ne dispose que d’un week-end toutes les six semaines, les vacances sont imposées selon des cycles... Avec FO, Ingrid revendique le passage des agents de surveillance en catégorie B. On est en passe de gagner, se réjouit la militante, entre autres membre suppléante au CSA de la Santé. Désormais personnel gradé, elle perçoit un salaire net de 2 303,02 euros, en comptant la prime de sujétion spéciale. Si j’étais restée surveillante, je percevrais aujourd’hui, au sixième échelon, 1 914 euros. La fonctionnaire a mesuré depuis toutes ces années l’importance du travail syndical. Et c’est gratifiant pour moi d’apporter ma petite pierre à l’édifice syndical.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération