L’actionnaire s’enrichit toujours plus, contrairement au travailleur…

InFO militante par Sandra Déraillot, L’inFO militante

L es plus grandes sociétés cotées en Bourse en France ont versé à leurs actionnaires en moyenne 71 % de leurs bénéfices chaque année depuis 2011, selon une analyse réalisée par Oxfam France et le Basic (Bureau d’analyse sociétale d’intérêt collectif). Des dividendes records ont été versés en 2022, en hausse de 15,5 % par rapport à l’année précédente. Peu de travailleurs peuvent se targuer d’avoir reçu une telle augmentation. Alors que la dépense par salarié de ces multinationales n’a augmenté que de 22 % de 2011 à 2021, les versements aux actionnaires ont, eux, bondi de 57 %.

L’analyse souligne même que certaines n’hésitent pas à creuser leur déficit pour satisfaire les actionnaires :  Engie a ainsi accumulé plus de 784 millions d’euros de pertes entre 2011 et 2021, tout en versant 23,6 milliards d’euros de dividendes au cours de cette période. En France, 47 % du patrimoine brut total (contre 41,3 % en 2010) est détenu par les 10 % les plus riches. On comprend aisément qui la rémunération du capital vient enrichir. Les 10 % les plus pauvres, eux, se contentent de… 0,1 % du patrimoine global.

Moins d’impôts pour les uns, moins de pouvoir d’achat pour les autres

En outre, d’après les données de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les mesures fiscales de 2022 auraient augmenté de 1 200 euros le niveau de vie annuel des 5 % les plus riches, alors que, face à l’inflation, les salariés ont perdu en moyenne 720 euros entre janvier 2021 et juin 2022 (Insee).

Quant à la baisse du taux de chômage (à 7 %), elle ne doit pas masquer les nombreux CDD, contrats d’intérim et d’apprentissage. La précarité du salariat a été multipliée par deux en trente ans. Selon l’Observatoire des inégalités, quelque 8 millions d’actifs seraient ainsi en situation de « mal emploi », incluant les chômeurs, les salariés en contrat précaire et les 2 millions de personnes découragées de recherche faute d’une réelle attractivité de l’emploi.

Le pays compte 4,8 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (fixé à 50 % du salaire médian, soit actuellement 940 euros par mois), selon l’Insee, soit 7,6 % de la population.

Pas étonnant que les banques enregistrent 4,1 millions de clients en situation de fragilité financière. Et dont la capacité à consommer se réduit à peau de chagrin.

Sandra Déraillot Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération