Les établissements psychiatriques en souffrance

Santé par FO SPS, Françoise Lambert

Après un rapport de l’IGAS et des annonces ministérielles qui ne prévoient pas de crédits supplémentaires pour la psychiatrie, FO rappelle deux impératifs insuffisamment pris en compte par les pouvoir publics : la réouverture de lits et l’embauche de personnel.

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a promis le 26 janvier que la psychiatrie ne sera plus le parent pauvre du système de santé. Elle a annoncé que le budget de la psychiatrie sera préservé dans les groupements hospitaliers de territoire et dans les hôpitaux généraux. Le secteur sera l’une des premières disciplines concernées par les financements des parcours innovants, a-t-elle ajouté.

Ces annonces, qui correspondent globalement aux propositions faites par l’IGAS dans un rapport publié début février, sont loin de rassurer la fédération des services publics et de santé FO (SPS-FO).

FO revendique des moyens à la hauteur des besoins

La ministre parle de préservation des budgets et d’évolution du modèle de financement, autrement dit aucun crédit supplémentaire n’est prévu pour la psychiatrie, alors que ce dont le secteur a besoin, ce sont des moyens humains et financiers, estime Luc Delrue, secrétaire fédéral SPS-FO, nous revendiquons l’attribution de moyens budgétaires à la hauteur des besoins.

Il faut inverser la baisse des effectifs par l’embauche de personnels qualifiés et la titularisation des contractuels, expose-t-il, il convient également de stopper la diminution des lits et d’en rouvrir dans l’ensemble des établissements.

La spécialité médicale de psychiatrie menacée, selon FO

L’intégration des activités de psychiatrie dans les groupements hospitaliers de territoire met en danger la spécialité médicale de psychiatrie, estime FO.

Les arbitrages ne se feront plus au sein d’un même établissement, mais au sein d’un ensemble d’établissements, souligne Philippe Navaro, secrétaire fédéral FO-Santé, et salarié du centre hospitalier Le Vinatier, le plus grand établissement référent en psychiatrie, dans la région lyonnaise.

les différentes spécialités médicales seront mises en concurrence. Le risque avec les GHT, c’est rien moins que de faire disparaître totalement la psychiatrie publique, s’inquiète-il.

Le nombre de lits d’hospitalisation en psychiatrie dans les établissements publics et privés a diminué de 22% entre 1994 et 2002, passant de 78 300 lits à 60 800 lits sur la période selon la Drees (service statistique du ministère de la Santé). La tendance s’est poursuivie depuis, et le secteur public a été beaucoup plus touché que le privé.

La pédopsychiatrie très touchée

La pédopsychiatrie a beaucoup souffert du manque de moyens. Déjà, en 2013, FO dénonçait la situation de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent qui ne dispose d’aucun lit d’hospitalisation dans certains départements. L’IGAS pointe aujourd’hui dans son rapport des délais d’attentes inacceptables pour obtenir une prise en charge en pédopsychiatrie.

L’Inspection générale des affaires sociales recommande de renforcer l’offre de pédopsychiatrie. Elle estime aussi que les conditions d’hospitalisation devraient faire l’objet d’un plan d’investissement national et rappelle qu’un français sur trois souffrira de troubles mentaux au cours de la vie. Mais son rapport n’évoque pas une augmentation globale des moyens budgétaires pour le secteur.

FO SPS Services publics et de Santé

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante