Alors que la Société Guérin Joaillerie a fêté en mai dernier les 50 ans de la marque en présence de tout le staff des Galeries Lafayette auquel le groupe appartient, les salariés ont reçu la mauvaise surprise par mail, le 24 décembre 2019 à 14 h 50 d’un cadeau de Noël au goût amer : l’annonce de la disparition pure et simple de leur entreprise.
Fondée en 1969 par Didier Guérin, premier français à avoir eu l’idée d’ouvrir une bijouterie en centre commercial, ce précurseur avait cédé sa marque en 2012 au groupe Galeries Lafayette pour cause de retraite. Ayant été pendant un temps, le vice-président du Comité Saint Éloi, Didier Guérin avait accompagné un temps, les mandataires des Galeries pour leur apprendre
le métier de joaillier. Sans tenir vraiment compte, de la particularité du métier, un cabinet-conseil, fort mal avisé, avait fini par suggérer de transformer l’entreprise Didier Guérin, enseigne emblématique des centres commerciaux, en une marque premium avec un changement de nom : Guérin Joaillerie. À coup de millions, injectés dans les comptes et fort mal dépensés, l’entreprise a vu péricliter son chiffre d’affaires, dès l’arrivée des Galeries, tandis que sa dette s’alourdissait. Aujourd’hui, une quarantaine de magasins et deux sièges administratifs sont impactés par cette décision brutale et unilatérale. Les Galeries Lafayette ayant brusquement décidé de couper les robinets, ce ne sont pas moins de 170 à 200 postes qui sont supprimés sur les 240 existants.
Profitant d’une prise de participation majoritaire au sein de la marque Mauboussin, les emplacements Guérin Joaillerie vont devenir les nouveaux mètres linéaires de cette dernière, pour permettre à ce nouveau « caprice » de rayonner encore plus fort, au détriment d’un concurrent, certes mal en point, mais qui rencontrait une reconnaissance croissante auprès de la clientèle, tant par l’originalité de ses créations que par la qualité de ses produits.
La Section fédérale du Commerce & VRP et la Section FO de la Société Guérin Joaillerie condamnent cette gabegie et le sort réservé aux salariés qui se sont donnés corps et âmes à leur entreprise et qui se retrouvent sacrifiés au nom de l’intérêt financier de la 26e fortune de France. C’est à la fois un scandale et une véritable honte pour une enseigne qui se revendique ambassadrice du commerce et du savoir-faire à la française.