Lait et viande : à cheval sur l’étiquette ?

Consommation par Michel Pourcelot

Le scandale, en 2013, des lasagnes à la viande de cheval ayant fait ruer dans les brancards, la Commission européenne avait commandé un audit qui révélait surtout que le plus touché des 27 pays de l’Union européenne était la France, avec 13,3 % d’échantillons contenant de la viande de cheval détectés contre une moyenne européenne de moins de 5 %. Ensuite, l’affaire a un peu traîné des sabots. C’est seulement depuis le 1er janvier 2017 que l’origine des viandes utilisées en tant qu’ingrédient dans les denrées alimentaires préemballées doit être obligatoirement indiquée sur l’emballage, selon le décret n° 2016-1137 du 19 août 2016. Doivent figurer les pays de naissance, d’élevage et d’abattage des animaux. Du moins à partir de 8 % de viande dans le produit. Ce décret, en phase expérimentale de deux ans jusqu’au 31 décembre 2018, concerne également le lait en lui-même et celui utilisé dans les produits laitiers en tant qu’ingrédient (à partir de 50 %). Ainsi doivent se mouler dans le règlement babeurre, lait et crème, caillés, yoghourts, pâtes à tartiner laitières, fromages, lactosérum, képhir et autres laits et crèmes fermentés ou acidifiés...

Quand les cochons ont des ailes

20 %

C’est la part de viande de canard nécessaire pour qu’une terrine de canard puisse en porter le nom.

2017 : adieu veaux, vaches, cochons trafiqués ? On peut en douter à la lecture de l’enquête dévoilée en décembre dernier par l’ONG Foodwatch, qui a révélé que les terrines de canard de différentes marques qu’elle a analysées contiennent toutes du porc. L’une, estampillée « Terrine de canard aux noisettes croquantes », en est même composée à 80 %. Quant à la présence du volatile, elle n’a pas dépassé les 32 % au maximum dans les onze échantillons testés par Foodwatch. En toute légalité, selon le code des usages de la charcuterie : une terrine de canard peut prétendre en être une à partir de seulement 20 % de canard. Un fabricant évoque même le Larousse gastronomique, pour qui historiquement et réglementairement, le mot terrine induit une préparation à base de porc. Les consommateurs se demanderont, eux, si on ne les prend pas pour des canards sauvages... 

Zoom : Contrôles post-lasagnes
La DGCCRF et la DGAL ont décelé, en 2013, de la viande de cheval dans 17 produits sur 153 plats cuisinés à base de viande de bœuf et dans 30 prélèvements sur 200 sur des minerais de bœuf. Pour l’INC, le système français n’est pas défaillant mais laisse penser que les effectifs de contrôle sont trop faibles.

Michel Pourcelot Ex-journaliste à L’inFO militante

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