L’âge légal de départ à la retraite ne bougera pas, 62 ans, confirmait hier soir, Emmanuel Macron. En revanche, sur le reste c’est encore assez flou. Rien n’est encore décidé, le chef de l’état laisse le débat ouvert, ça vous rassure ?
« Pas du tout, parce ce qui est décidé, il le dit de manière détournée, il faudra cotiser plus, donc en réalité, il faudra travailler plus longtemps. Nous avons bien compris que l’objectif est de faire en sorte que les retraites coûtent moins cher, ou en tout cas, pas plus cher à l’avenir. On n’a pas eu de nouveauté. Hier, le Président a égrené les préconisations du rapport Delevoye. Je note au passage qu’il utilise son expression favorite « c’est de la pipe » quand il parle des simulations qui montrent que beaucoup risquent d’y perdre dans cette affaire. »
Il dit lui-même que pour l’instant rien n’est acté, donc ces simulateurs sont forcément faux.
« Le Haut commissaire lui-même a fait des simulations dans son propre rapport avec un niveau de valeur du point, un taux de remplacement, enfin de rapport du point, de rendement du point. Et c’est sur cette base là que les simulations ont été faites. Si on ne peut pas faire confiance à ce que le Haut Commissaire nous indique, comment faire confiance aux garanties qu’on essaye de nous donner face aux inquiétudes qui montent de plus en plus. Hier, on a entendu à nouveau, décliner les mêmes préconisations, ce sont exactement celles qui nous avaient amenés à expliquer les raisons pour lesquelles nous étions opposés à un régime unique par points. »
Il dit aussi qu’il veut préserver le niveau de vie des retraités, qu’il ne soit pas dégradé, qu’il soit même amélioré, qu’il faut garder le principe de solidarité ?
« Le système de retraite actuel permet tout cela, il a conduit d’ailleurs à cela. Le Premier ministre disait lui-même, le niveau de vie, le pouvoir d’achat des retraités est en moyenne supérieur à celui de l’ensemble de la population. Le problème n’est pas celui du système des retraites. D’ailleurs, je note que le Président a été amené à répondre à des questions que nous avions soulevées : l’emploi des seniors, les carrières hachées, les bas salaires, le sens du travail, le mal être au travail... Mais ça ce n’est pas le système des retraites, c’est de la responsabilité des gouvernements et des politiques économiques. N’oublions pas qu’aujourd’hui, nous avons 140 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises, peut-être faudrait-il regarder de ce côté là avant de remplacer, de supprimer l’existant, qui encore une fois, le Premier ministre nous le disait, nous est envié. »
Force Ouvrière s’est mobilisée. Vous ne vouliez plus discuter avec le Monsieur Retraite du gouvernement, Jean-Paul Delevoye ? Vous êtes reçus à l’Elysée encore ou pas ?
« Je n’ai pas dit que je ne voulais plus discuter avec le gouvernement, au contraire nous avons des revendications. Ce que nous ne voulons pas c’est être contraint à discuter dans un cadre qui nous est imposé. Nous allons aller porter nos revendications, justement sur la question de l’emploi des seniors. Il y a un rapport du Sénat paru hier qui a confirmé ce que nous disons, nous pensons par exemple, qu’il faudrait imposer une obligation légale de maintien dans l’emploi au-delà de 53 ans. Pourquoi ne pas réfléchir à une cotisation pour les jeunes demandeurs d’emploi, en formation, en stage, en apprentissage ? Nous avons besoin d’abonder le fond de solidarité vieillesse, pour justement faire en sorte que les femmes qui subissent plus les carrières hachées, les interruptions de carrières, les petits salaires... ne soient pas pénalisées au moment de la retraite. Tout cela nous allons le porter au niveau du gouvernement, mais nous n’avons pas de raison de supprimer le régime existant, le système de retraite actuel. »