La Manufacture d’armes de Saint-Étienne, ou MAS, ou encore La Manu pour les intimes, est l’un des incontournables de la ville. En 2001 elle ferme ses portes mais son histoire résonne encore.
Cette BD en retrace une page, alors qu’elle vit ses derniers instants, nous révélant le quotidien des ouvriers, leur vie à l’usine, aussi bien à travers leurs conditions de travail que dans les relations qui se nouent entre équipes à l’extérieur et la façon dont chacun s’accommode des difficultés : c’est l’art du travail en perruque, le rituel du bistrot, les services qu’on se rend entre collègues, les petites magouilles. Mais c’est la fin d’un règne : la technologie et l’automatisme vont détruire cette organisation, cette façon d’être, ce fameux pas de la Manu qui rend identifiables les « manuchards ».
Le dessin, tout en noir et blanc, nous conforte dans cette impression par la technique utilisée, une gravure monotype sur zinc (les dessins sont réalisés sur une plaque de métal avec une encre huileuse passée sous presse pour obtenir un transfert sur papier) : il se dégage une atmosphère sombre et métallique, masculine et industrieuse. C’est un bel hommage au monde ouvrier, entre cadence infernale et astuce au quotidien pour survivre à la Manu.