Eloges des loges – Histoires vraies de gardiennes et gardiens d’immeubles parisiens , Jean-Michel Djian et Aude de Tocqueville. Flammarion Autrement, 144 pages, 21 euros.
En 1945, il y avait à Paris 85 000 concierges. En 2023, ils ne sont plus que 3 000, qui gèrent de grands ensembles (logements, parking, commerces). Gardiens des lieux, de leurs âmes et de leurs histoires, invisibles d’utilité publique, ils et elles sont souvent ignorés, considérés avec beaucoup de préjugés.
Pourtant, la visite des arrière-cours et des parties communes laissent à voir leur vrai visage. Ainsi, vingt portraits, à la fois divers et convergents, nous dévoilent la réalité de ce travail et la place que ce métier occupe dans nos vies.
Car les loges sont le miroir de la société et les gardiens et gardiennes sont aux premières… loges : essor des grands ensembles, éloignement du lieu de travail, place de la radio et de la télévision, flux et reflux des catégories sociales, ils voient le monde changer.
D’ailleurs, ils font tous des constats similaires : poids du COVID, recul de la mixité sociale, montée des communautarismes, hausse de la délinquance et du trafic de drogues, paupérisation, manque de respect, population de plus en plus individualiste, exigeante, agressive. Les conditions de travail se sont faites plus dures, plus administratives, avec des responsabilités croissantes et la multiplication des casquettes.
Néanmoins, tous évoquent un attachement à ce métier qui nécessite des qualités humaines, d’écoute, de compréhension sans jugement, avec une juste distance. Agents du lien social, acteur et passeur de solidarité, ils sont souvent le ciment qui permet le vivre ensemble.