Engagée il y a trois mois, la mobilisation ne faiblit pas face à l’entêtement du gouvernement à imposer la loi Travail. Les organisations en lutte contre ce projet de loi, réunies le 2 juin, appellent à préparer et réussir la grande manifestation nationale à Paris le 14 juin. Pour la confédération FO, cette dernière doit constituer « le temps fort pour que le gouvernement ouvre des discussions », une demande des organisations restée sans réponse depuis le 20 mai.
Pour Jean-Claude Mailly, le gouvernement ne peut pas rester « droit dans ses bottes », alors que le projet de loi Travail est « multiminoritaire ». Sur BFM TV, le 1er juin, il a rappelé que côté syndical, seules la CFDT et la CFTC, qui ne représentent que 40 % des travailleurs, soutiennent le texte dans son intégralité. Côté patronal, l’UPA et la CGPME alertent elles aussi sur les dangers de l’inversion de la hiérarchie des normes. Le gouvernement ne dispose pas non plus de la majorité à l’Assemblée nationale, où le texte arrivera en deuxième lecture début juillet. Et les sondages montrent que le projet de loi soulève l’opposition des Français.
Baisses de charge dans les centrales EDF
D’ici au 14 juin les actions se poursuivent, notamment dans le secteur des transports. À la SNCF, en fin de semaine dernière, toutes les assemblées générales avaient reconduit jusqu’au 6 juin l’appel à la grève lancé le 31 mai. Près de 70 % des conducteurs étaient mobilisés contre une réforme du temps de travail. L’ultime séance de négociation était prévue le 6 juin. Un projet d’accord, dont semblent se satisfaire la CFDT et l’Unsa, ne ferait qu’appliquer la loi Travail aux cheminots, selon FO Cheminots, avec le risque d’introduction de mesures dérogatoires en fonction des conditions économiques locales ou sectorielles.
Les personnels d’Aéroports de Paris étaient appelés à débrayer du 3 au 6 juin. Des mouvements de grève reconductibles ont également été déposés à la société d’autoroutes SAPN ou encore aux Voies navigables de France.
Dans le secteur de l’énergie, la majorité des raffineries étaient à l’arrêt ou tournaient au ralenti en fin de semaine dernière, et la distribution de carburant restait perturbée. FO s’est également associée aux différentes actions déclenchées dans les centrales EDF, entraînant des baisses de charge.
La mobilisation se poursuit aussi localement. Le 2 juin, près d’un millier de manifestants, mobilisés contre le projet de loi Travail à l’appel des unions locales FO et CGT, ont ainsi bloqué l’accès aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Attendu, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a annulé sa visite. L’espoir repose sur une mobilisation forte le 14 juin, qui contraigne le gouvernement à ouvrir le dialogue.
Focus : La manif du 14 juin en pratique
La manifestation partira à 13h15 de la place d’Italie pour se diriger vers les Invalides en deux cortèges. Dans le premier, les manifestants de province défileront par départements, toutes organisations syndicales confondues, en commençant par les plus éloignés géographiquement de Paris. Dans le second, les organisations syndicales d’Île-de-France défileront de manière classique. La confédération a invité dans le carré de tête des délégations de Belgique et d’Espagne, où les travailleurs subissent aussi des attaques sur le droit du travail.