Pyrénées-Orientales : trois semaines de grève pour préserver la sécurité ferroviaire

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

© Georges BARTOLI/REA

Les agents SNCF chargés d’assurer la sécurité ferroviaire sur la ligne Le Boulou-Elne, dans les Pyrénées-Orientales, se sont massivement mis en grève le 19 septembre à l’appel d’une intersyndicale, dont FO. Ils s’opposent à la suppression de six postes à la gare de fret du Boulou. Le mouvement a été suspendu le 9 octobre, mais il pourrait reprendre si les agents n’obtiennent pas satisfaction.

Maintien des postes et de la sécurité ferroviaire. C’est sur ces revendications que les 31 agents de circulation des gares du Boulou, d’Elne, d’Ille-sur-têt et de Villefranche-de-Conflent, dans les Pyrénées Orientales, ont entamé une grève illimitée le 19 septembre à l’appel d’une intersyndicale. Le combat est mené par FO, syndicat majoritaire sur la ligne. La mobilisation a été massive, avec 95% de grévistes, encadrement compris, les deux premières semaines, et encore 70% au dernier jour de grève. En août déjà, 100% des agents avaient cessé le travail durant trois jours pour le même combat.

Actuellement, la gare de fret du Boulou dispose de six postes d’agents de circulation en 3 x 8 recrutés par SNCF réseau. Ils sont chargés d’assurer la sécurité ferroviaire sur place ainsi que sur la ligne Le Boulou-Elne. Leurs missions, manœuvrer les aiguillages, ouvrir les signaux, vérifier que les mouvements et changements de voie se font en toute sécurité…

Réduction des coûts

Mi-septembre, la SNCF a présenté un projet de modernisation de cette voie unique pour mettre en place un système automatisé un peu plus fiable en terme de sécurité. Tous les élus du CSE ont voté contre. Les agents ne sont pas opposés à cette modernisation, mais la direction en profite pour supprimer au passage les six postes du Boulou, dénonce Bertrand Sammut, secrétaire départemental de FO Cheminots et chef de ligne à la gare de Villefranche. La direction prétend ne plus avoir besoin d’agents en gare, mais elle a avoué en réunion vouloir avant tout de réduire le coût des investissements sur la ligne. Ce système d’exploitation a déjà été mis en place ailleurs et on a conservé des agents aux deux bouts de la ligne.

Les agents sont prêts à faire des concessions. Ils accepteraient la suppression de deux postes pour passer à une organisation en 2x8, ce qui entraînera pour eux une perte de salaire, mais la direction ne veut rien savoir, poursuit le militant FO.

L’appel à la grève a été suspendu le 9 octobre, dans l’attente de deux rencontres, la première le 16 octobre avec le président de la SNCF Jean-Pierre Farandou et la seconde le 20 octobre avec la Région. Si les réponses ne sont pas satisfaisantes, la mobilisation pourrait reprendre.

Rassemblement des agents de la Voie unique devant la direction régionale pour la venue du président de la SNCF Jean-Pierre Farandou le 16 octobre. Photo Bertrand Sammut

Pour Bertrand Sammut, ces suppressions de postes vont poser un gros problème de sécurité. Une partie des missions sera reportée sur la gare d’Elne, qui, outre une surcharge de travail, n’aura pas la vision de ce qui se passe en gare du Boulou. D’autres procédures de sécurité seront directement confiées aux entreprises ferroviaires qui opèrent au Boulou.

Des procédures de sécurité confiées aux entreprises privées

Pour ces entreprises, c’est la rentabilité avant tout, redoute Bertrand Sammut. Elles pourraient être tentées d’alléger les procédures pour gagner du temps. Il y a déjà eu des incidents en gare, déraillement, collision, car les consignes ne sont pas toujours respectées. Un train est parti avec ses freins serrés et les étincelles ont déclenché un départ de feu. A chaque fois, l’agent sur place a rattrapé les erreurs. A l’avenir, en cas de problème, la direction dit qu’elle fera appel à une astreinte, mais il n’y a rien de concret.

Les agents grévistes ont le soutien de la fédération FO Cheminots. Il n’est pas acceptable que la SNCF demande des aides d’État et maintienne son projet de suppression de postes, dénonce-t-elle. Ce projet pose également question quant aux procédures de sécurité qui seraient de fait confiées aux entreprises ferroviaires privées présentes sur le site, sans que personne ne puisse assurer que ces dernières aient des personnels formés aux tâches qui vont leur être dévolues.

Bertrand Sammut rappelle que localement, la question de la sécurité est d’autant plus sensible que les agents ont toujours en tête le drame du passage à niveau de Millas, survenu en décembre 2017 dans le même secteur géographique.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération