Le pessimisme des nouvelles prévisions du Conseil d’orientation des retraites (COR) sur le solde financier du système de retraite va apporter de l’eau au moulin du gouvernement, dont l’intention est de mettre en place une décote pour pousser les salariés à travailler plus longtemps, dans le cadre de son futur système de retraite universel par points. Va-t-on aller en parallèle vers un durcissement de la loi Touraine avec un nouvel allongement de la durée de cotisation ?
, s’interroge Philippe Pihet, secrétaire confédéral FO.
Selon le COR, le déficit du système de retraite atteindra 10 milliards d’euros en 2022 et le retour à l’équilibre n’interviendrait au mieux qu’en 2042. Une situation qui va servir d’argument à l’exécutif pour demander des efforts aux salariés dans le cadre de sa future réforme ou d’une réforme paramétrique à venir. Tout cela alors que c’est la propre politique de l’exécutif qui provoque le déficit des retraites.
Maintien de l’âge légal à 62 ans : un leurre
Dans sa déclaration de politique générale, le 12 juin, le Premier ministre a confirmé l’intention du gouvernement de mettre en place un âge pivot en dessous duquel les assurés percevraient une retraite tronquée. Il a indiqué que la possibilité d’un départ à 62 ans
serait maintenue, tout en précisant que le gouvernement définira un âge d’équilibre
pour inciter les salariés à travailler plus longtemps
. Édouard Philippe n’a pas précisé quel serait l’âge d’équilibre, mais l’âge de 64 ans a été évoqué au sein de la majorité présidentielle. Avec ces propos, le Premier ministre reste dans les pas du chef de l’État. Le 25 avril, lors de sa conférence concluant le Grand débat, Emmanuel Macron s’était prononcé en faveur du maintien de l’âge légal à 62 ans, mais il proposait d’allonger la durée de cotisation
pour avoir un système de décote qui incite à travailler davantage, mais sans forcer tout le monde
.
C’est le bal des hypocrites, le maintien de l’âge légal de départ à 62 ans s’apparente à un leurre,
En effet. Dans le secteur privé, 50 % des salariés ne sont plus en activité quand ils liquident leurs droits à la retraite.
Il faudra attendre les recommandations du Haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, en juillet, voire la présentation du projet de loi par le gouvernement à la rentrée, pour en avoir le cœur net. À moins d’un report après les élections municipales de 2020 d’un sujet qui s’annonce explosif.
Plus que jamais, FO s’oppose à un système de retraite universel par points ou à une nouvelle réforme paramétrique, qui aboutiraient à une baisse des droits pour les futurs retraités. L’organisation syndicale revendique le maintien des quarante-deux régimes existants. Elle le rappellera lors de la mobilisation en préparation pour la rentrée.