Retraites : les annonces du Premier ministre ont renforcé la détermination

Actualités par Evelyne Salamero

F.Blanc

Ce jeudi 12 décembre, la mobilisation contre la retraite par points entrait dans sa deuxième semaine. Au lendemain des annonces du Premier ministre, les assemblées générales de cheminots ont reconduit la grève. Le scénario était le même à la RATP. Les raffineries restaient bloquées. Des centaines d’écoles étaient toujours fermées. Les caisses de Sécurité sociale tournaient au ralenti. Les poubelles s’entassaient dans plusieurs rues de la capitale. Des débrayages se poursuivaient, reprenaient ou commençaient dans plusieurs secteurs du privé…. Des coupures de courant ont eu lieu dans plusieurs villes, la zone industrielle et portuaire du Havre était bloquée, tout comme les entrées du Grand port maritime de Marseille. Et des dizaines de milliers de travailleurs du privé et du public, souvent quotidiennement mobilisés sur leurs lieux de travail depuis le 5 décembre, manifestaient de nouveau sur l’ensemble du territoire pour le retrait du projet de retraite universel par points du gouvernement.

En cette journée d’actions locales auxquelles FO, avec d’autres organisations, avait appelé au soir du 10 décembre, en attendant le prochain temps fort, le 17 décembre. Des dizaines de milliers de salariés, d’actifs, de jeunes et de retraités ont manifesté de nouveau sur l’ensemble du territoire ce 12 décembre.

FO appelle à renforcer et élargir la mobilisation par la grève

Le matin même, l’ensemble des fédérations FO, du privé et du public, réunies au siège de la confédération avec le bureau confédéral, constataient « l’obstination du gouvernement » et appelaient les syndicats FO à organiser partout et chaque jour des assemblées générales, dans les entreprises, services et administrations pour, sans attendre, renforcer et élargir la mobilisation par la grève.

« Encore une fois, le gouvernement doit comprendre que son projet est rejeté. L’heure doit être à l’ouverture de négociations sans préalable pour préserver, conforter et améliorer le système actuel de retraite et ses régimes », concluait le communiqué de la confédération, à l’issue de cette réunion.

La grève pour gagner !

Les annonces du Premier ministre n’ont visiblement trompé personne. Les slogans entendus dans la manifestation parisienne et les réactions de manifestants le confirmaient avec éclat, en particulier dans le cortège FO, fièrement ouvert par les cheminots FO.

Les manifestants ont réaffirmé leur revendication pour le maintien de tous les régimes et contre la retraite à points.

A la question, « qu’avez-vous pensé des annonces du Premier ministre ? », un cheminot de la gare Montparnasse répond : « Ils se moquent de nous ! On a bien compris que les régimes spéciaux disparaissent, que la valeur du point pourra toujours baisser une année ou l’autre, et que les fonctionnaires perdent le calcul sur les six derniers mois et les salariés du privé sur les 25 meilleures années. Alors on tient bon et on sera là le temps qu’il faudra ! Ce matin l’assemblée générale a reconduit la grève ».

La mobilisation ne faiblit pas

Un peu plus loin, le secrétaire du syndicat FO des agents de la ville de Paris, Patrick Auffret, explique : « Ce matin, environ 200 agents de la ville de Paris ont reconduit la grève. C’est comme ça depuis le 5. Il y a des pics de participation certains jours, notamment dans la propreté. Des garages de collecte (pour les bennes à ordures ndlr) et des centres de vidage ont été bloqués. Il y a des écoles fermées, parce que les enseignants mais aussi les agents de la ville de Paris, comme les Atsem, sont en grève. Et ce soir, je vais dans un conservatoire de musique d’arrondissement dont les personnels ont décidé de faire une assemblée générale avec la grève à l’ordre du jour et d’y inviter un responsable de FO. Hier soir, il y en a eu une autre dans un autre arrondissement. ».

Les annonces d’Édouard Philippe ? « Elles ont empiré les choses. Par exemple, les éboueurs, les conducteurs, aujourd’hui en catégorie active (ils occupent un emploi qui présente un risque particulier ou occasionne des fatigues exceptionnelles ndlr) peuvent partir à 57 ans à taux plein. Avec ce que propose le Premier ministre, ce ne sera pas avant 60 ans. C’est inadmissible, sachant que nombreux sont ceux qui n’arrivent pas à 57 ans et demandent la retraite d’office pour raisons de santé. »

« On ne peut pas vivre avec 1000 euros par mois »

Une enseignante FO en lycée, dont plusieurs des collègues manifestent en tête du défilé sous une banderole propre à l’établissement explique : « Les annonces du Premier ministre sont catastrophiques. La jeunesse est visée en priorité. Et cette histoire d’un minimum vieillesse garanti de 1000 euros n’arrange rien, tout simplement parce qu’on ne peut pas vivre avec 1000 euros ! Alors, on tient bon, et on sera là jusqu’au bout ! Et en prime, il annonce qu’il veut associer les syndicats pour mettre en œuvre sa réforme, il y a vraiment de quoi s’affoler ! »

La revalorisation des rémunérations pour les enseignants ? Un de ses collègues explique : « le gouvernement refuse d’augmenter le point d’indice gelé depuis des années, et maintenant il prétend qu’il va nous augmenter ? Ce n’est pas vrai. Ils veulent octroyer des miettes via des primes, mais en échange de la refonte de nos métiers, de nos missions et de la perte de notre statut. On n’acceptera pas ! »

Une « concertation » sur la « proposition » du Premier ministre

Loin des manifestations, le président Emmanuel Macron, s’exprimant de Bruxelles où il participait à un sommet européen, a souhaité ce 12 décembre qu’une « concertation » s’ouvre sur « la proposition » faite la veille par le Premier ministre. A ce jour, la revendication d’une négociation « sans préalable » revendiquée par la Confédération FO n’a donc pas été entendue.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante