Enorme
, historique
, inédit
, on n’avait jamais vu ça
... Dans les unions locales et départementales FO, la participation à la journée de mobilisation interprofessionnelle du 7 mars est unanimement louée. Quelques 120 000 manifestants à Lille, 50 000 à Lyon, 53 000 à Grenoble, 45 000 au Havre, 25 000 à Nancy. Mais aussi 30 000 à Rouen 20 000 à Angers, 15 000 au Puy en Velay... Même des villes qui ne manifestaient pas jusqu’à présent se sont lancées dans le mouvement,
Villes moyenne et petites cités ne sont pas en reste. A Montauban, avec 15 000 personnes nous avons eu plus de monde que lors des mobilisations de 1995,
C’était très impressionnant et la pluie n’a rien empêché. Dans le Maine et Loire, à Saumur, quelques 4 500 personnes sont descendues dans la rue. 1 000 s’étaient donné rendez-vous à Longwy en Lorraine et 8 000 à Bourgoin-Jallieu en Isère.
Pour cette journée visant à mettre la France à l’arrêt, On a vu des camarades du privé qui n’ont pas l’habitude de battre le pavé, même s’ils se mettent en grève quand il y a des problèmes sur les salaires
, observe Catherine Rochard, secrétaire générale de l’UD de Maine et Loire. Les travailleurs de la Laiterie Tessier (Caprice des Dieux), les Villemorin-Mikado (semences potagères), ceux de Carrefour étaient très présents à la manifestation d’Angers.
En Seine Maritime, Yanis Aubert, secrétaire général départemental FO a observé aussi, et il n’est pas le seul, une très forte présence des lycéens dans le cortège : Des lycées entiers sont descendus dans la rue.
A Nancy, Frédéric Nicolas, secrétaire général de l’UD, souligne aussi la présence de nombreux manifestants non syndiqués, des gens qu’on ne voyait pas avant
. Et le phénomène s’est observé dans de nombreux cortèges en France.
Blocages en série
Outre la participation aux manifestations, l’appel à « La France à l’arrêt » a été mis en action sur tout le territoire. Dépôts de pétrole et raffineries en premier lieu. Nous avons bloqué le dépôt de Vern sur Seiche entre 3 h et 10 h mardi matin,
Trois des quatre terminaux méthaniers français ont été mis à l’arrêt (et ce au moins jusqu’au lundi 13 mars). L’ensemble des sites de stockage de gaz ont été touchés par un important mouvement de grève même s’ils n’ont pas été totalement bloqués. Le site EDF de Velaines (Meuse), plateforme logistique des centrales nucléaires françaises où sont stockées des pièces de rechange, est à l’arrêt depuis mardi 7 mars, ce qui pourrait entraîner des retards dans la maintenance des centrales. Et à l’entrée de la zone industrielle de Sablé-Sur Sarthe, de nombreux militants étaient présents pour freiner entrées et sorties de camions. On a eu jusqu’à 15 km de bouchons le 7 mars
indique Loïc Boyard, secrétaire général de l’UD de la Sarthe.
Les militants ont su cibler aussi les points névralgiques, laissant passer les automobilistes mais bloquant les camions au risque parfois de se voir évacués manu militari par les forces de l’ordre. Nous avons occupés quatre ronds-points à Lille et un à La Chapelle d’Armentières,
A Montauban, le Pont de Chaume a été bloqué par des militants avec pour effet de provoquer un engorgement de toute la rocade.
Femmes : un 8 mars axé sur la question des retraites
A Grenoble, le centre de tri postal de Sassenage a été bloqué dans la nuit, ainsi que tous les dépôts de transports en commun, avec le concours des étudiants. L’intersyndicale des Transports de l’agglomération grenobloise (TAG) appelle à la grève jusqu’au 10 mars inclus.
Car ce 8 mars, le mouvement continue. Teinté différemment ce mercredi en raison de la journée internationale des droits des femmes. De nombreux cortèges privilégient ainsi ce jour les explications et les slogans axés sur l’impact qu’aurait la réforme sur la retraite des travailleuses. Dans les carrés de tête, que des femmes à Lille, Nancy ou Rennes. Les prises de parole ont souvent aussi été réservées aux représentantes syndicales. Comme à Mont-de-Marsan ce matin.
Les secrétaires d’unions départementales de l’intersyndicale déposeront à la préfecture du Nord des cahiers de doléances portant sur les inégalités homme/femme. Chez nous à la DGFIP, nous avons beaucoup insisté sur les temps partiels contraints et les problèmes de promotion,
Des grèves reconduites
Plus généralement, aux quatre coins du pays, des entreprises ont voté la reconduite de la grève. Dans la Haute-Loire, à titre d’exemples, Linamar Montfaucon (qui produit des pièces de transmission pour l’automobile) et Siel (fabricant d’enseignes lumineuses). Et dans ce département, les agents d’EDF seront en grève jusqu’à la fin de la semaine au moins. En Ille-et-Vilaine, la reconduction a été annoncée pour les 8 et 9 mars dans les secteurs de l’énergie, à la Poste, dans l’action sociale, la santé ou l’Urssaf. Le transport de marchandises poursuit également l’engagement avec les salariés de STG ou encore Kuehne+ Nagel. A Montauban (Tarn-et-Garonne), l’intersyndicale s’implique dans le blocage d’un lycée le 9 mars et organisera une nouvelle manifestation samedi 11 mars. D’ici là nous soutenons tous les blocages organisés par les syndicats qui ont appelé à la reconduction
, ajoute Eliane Teyssié.
A Brioude (Haute-Loire), un rassemblement est organisé ce mercredi à la gare par des cheminots et des enseignants. Quant aux cheminots nantais, ils ont reconduit la grève pour une durée illimitée. Dans les Côtes d’Armor, une action est prévue avec les enseignants qui se rendront le 9 mars devant l’inspection académique à Rennes.
Par ailleurs toutes les raffineries de France demeurent bloquées. Aucun produit ne sort que ce soit chez Total, Exxon ou Petroineos
, résume Jean-François Vapillon secrétaire fédéral FO chargé de la branche pétrole. Entre 80 et 100 % des personnels y sont grévistes. Des assemblées générales doivent décider aujourd’hui même d’une reconduite du mouvement jusqu’au 11 mars. Chez EDF de nombreux sites nucléaires, hydrauliques, thermiques demeurent en grève ce mercredi matin, sans qu’on ait encore d’état des lieux précis
, selon Alain André, secrétaire général de la Fédération nationale de l’énergie et des mines - FO. Nouveauté notable pour le militant : L’émergence d’une forme d’organisation de la grève visant à durer. On constate que les agents des métiers tertiaires alimentent les caisses de soutien de manière plus importante. Et seuls demeurent en grève les agents qui
pèsent
beaucoup sur l’outil de travail.
Et si quelques-uns mettent le mouvement en pause ce mercredi, c’est pour mieux se mobiliser très bientôt. « Nous allons décider aujourd’hui de ce que nous ferons jeudi et vendredi, explique ainsi Karine Wellcame à l’UL de Lille. Les actions chez nous ont commencé dès lundi. Il nous faut désormais discuter entre syndicats, nous poser un peu. Mais chez FO, on est chaud pour bloquer à nouveau avant la fin de la semaine, même si les autres syndicats ne peuvent pas suivre faute de troupes.