[Site archéologique] Les nouvelles merveilles de Pompéi

Culture par Christophe Chiclet

Avec la récente ouverture des frontières franco-italiennes, c’est vraiment le moment d’aller découvrir le site de Pompéi, en partie restauré, dévoilant de nouvelles splendeurs, d’autant qu’il n’y aura pas foule. La visite n’en sera que plus belle.

L’Italie vient de rouvrir ses frontières avec la France et entre ses régions. Par ailleurs le Sud a été peu touché et le site de Pompéi, au sud de Naples, n’est pas dangereux et même tout à fait visitable avec les mesures sanitaires en vigueur. Bref, on peut désormais déambuler dans une partie des 44 hectares du site sans être serré comme des sardines.

En 79 avant J.-C., la ville est engloutie par une éruption du Vésuve. Elle n’est retrouvée qu’en 1748 et les fouilles commencent en 1763. À la fin du XIXe siècle, avec la mode des antiquités et la naissance du tourisme, Pompéi devient l’un des sites les plus visités de la Péninsule. Mais n’étant plus protégée par les cendres, la ville antique est la proie de l’érosion, des dégradations des touristes et des restaurations des années 1950 et 1970 totalement inadéquates (utilisation de béton armé et de poutrelles en acier). En prime, le 23 novembre 1980 un tremblement de terre, qui a fait près de 3 000 morts, a largement endommagé les vieilles maisons pompéiennes.

Lutter contre la mafia

À la fin du XXe siècle, les nécessaires travaux de restauration dépendent des autorités locales gangrénées par la camorra qui contrôle les marchés publics du BTP et l’immobilier dans toute la Campanie. Plus il y a d’éboulements et d’effondrements, plus les artisans locaux sont appelés à entreprendre des travaux de restauration et, sachant qu’ils sont rackettés, cela représentait une source de revenus sans fin pour la mafia. C’est ainsi qu’en 2008, Rome décide de faire passer le site sous le contrôle de la Protection civile et la surveillance des carabiniers. Il était temps. En 2010, la somptueuse « École des gladiateurs » s’écroule. Deux ans plus tard, l’État italien lance le « Grand projet Pompéi », d’un montant de 105 millions d’euros, financé au deux tiers par l’Union européenne. En 2012, seulement 10 % du site est encore accessible sur cinq zones au lieu des cinquante dans les années 1960. L’Unesco menace de retirer le site de son patrimoine culturel mondial en 2013. En 2015, seulement six maisons ont été restaurées. Le premier responsable de la Protection civile, nommé par Berlusconi, finit derrière les barreaux et cette année-là, Rome commence sérieusement à nettoyer les écuries d’Augias de son administration.

Aujourd’hui, soixante-quinze chantiers ont été enfin achevés. En 2018, les archéologues ont retrouvé la fresque de « Leda et le cygne », exposée pour la première fois. La « Maison des amants chastes » est enfin accessible après quarante ans de fermeture. Les fondations des maisons ont été reprises et les murs consolidés, la télésurveillance est omniprésente pour empêcher les dégradations et les vols des touristes, qui ont été presque 4 millions l’an dernier. Les fresques de la « Maison du verger » ont été restaurées, tout comme la fameuse représentation de Priape, au phallus disproportionné, à l’entrée de la « Maison des Vettii ». Rouverte aussi, la « Maison du bateau Europe ». Et dans la partie nord du site, les archéologues ont mis au jour des trésors encore inconnus : un grand cheval pétrifié, des mosaïques venues d’Alexandrie, l’atrium de la « Maison de Jupiter », des bijoux, des amulettes…

Depuis le 3 juin, voyager en Italie est de nouveau possible. Ne pas hésiter à visiter Pompéi dès maintenant, à moins d’attendre la suite des fouilles sur les 22 hectares non encore restaurés.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante