Sous la plage, les privatisations

Revue de presse par Michel Pourcelot

L’Obs
A toute victime, tout honneur. « Forcer le gouvernement grec à donner son accord à un fonds de privatisation, économiquement discutable et éminemment symbolique, ne peut être compris que sous l’angle d’un châtiment décrété contre un gouvernement de gauche », analyse « l’influent philosophe allemand Jürgen Habermas, figure intellectuelle de la construction européenne », qui « s’exprime peu sur l’actualité politique. Ses mots, dans le quotidien britannique "The Guardian" ce jeudi, n’en résonnent qu’avec plus de force ». Certes, mais, en face, c’est la "troïka" qui revient en force.

Libération
Néanmoins « si la Grèce a déjà bouclé ou engagé les privatisations les moins controversées, par exemple celle de la loterie nationale, des paris sportifs ou du gaz, certaines ventes s’avèrent beaucoup plus sensibles, en particulier celles des ports et aéroports ». Ce ne sont pas des choses qui arriveraient ici...

Les Echos
Car en effet ici point n’est besoin de troïka : « Après Lyon la semaine dernière, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron a annoncé mardi aux responsables niçois le lancement à la rentrée du processus de privatisation d’Aéroports Nice-Côte d’Azur. »

Le Dauphiné libéré
A une vingtaine de kilomètres de là, un souverain saoudien n’est plus sur le sable « privatisé » de Vallauris, mais « en s’envolant pour le Maroc, après huit jours controversés sur la Côte d’Azur, le richissime octogénaire n’a pas pris le temps de régler une vieille ardoise de 3,7 millions d’euros auprès de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) ». Fâcheux, pour l’établissement qui souhaite s’étendre à l’international.

Marianne
« Privatisation de l’hôpital public : l’émir qui révèle la forêt ». A des lieues (909 km) de la « plage privatisée » de Vallauris, un émir « privatise un étage de l’hôpital Ambroise-Paré à Boulogne-Billancourt et c’est toute la planète médiatique qui est en émoi. A raison. Sauf qu’une telle pratique n’a rien de nouveau. Et c’est bien ce que regrette une partie du personnel médical ». Petits soins et grande fortune. Pour le professeur Grimaldi, « ce genre d’initiative remettrait en cause le principe d’égalité-qualité ». Et d’ajouter : « pour que notre système de soin reste le meilleur, il ne faut pas que la qualité soit réservée à certains particuliers. Ce qui est vraiment inacceptable, c’est que Martin Hirsch nous explique que ces prestations permettront d’aider à soigner les "patients précaires". Or le service public ne marche pas à la charité, mais à l’égalité ».

Nice-Matin
Sur la Côte, l’or ne roule pas partout : « Désireux, tout comme l’État depuis quelques années, de se séparer de biens publics afin de remplir les caisses de la ville, la mairie de Cagnes serait sur le point d’acter la vente du château Grimaldi au Haut-de-Cagnes à… des Qataris ! »

Challenges
Sur des rives plus septentrionales déjà fréquentées par les Qataris, « l’État britannique a commencé à se désengager de Royal Bank of Scotland (RBS), sauvée grâce à des fonds publics durant la crise, en vendant 5,4% de la banque, a annoncé mardi 4 août le gouvernement. Les 2,1 milliards de livres (près de 3 milliards d’euros) tirés de cette vente au prix de 330 pence par action seront utilisés pour réduire la dette publique, a indiqué le Trésor."C’est une première étape importante pour renvoyer la banque au privé, ce qui est la bonne chose à faire pour le contribuable et pour les entreprises britanniques : cela encouragera la stabilité financière, conduira à un secteur bancaire plus compétitif et soutiendra les intérêts de l’économie dans son ensemble", a commenté le chancelier de l’Échiquier, George Osborne ». En matière de stabilité et d’intérêts de l’économie, on a vu mieux. Apprécierons ceux qui désormais sont sur le sable.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante