Tefal : soutien inconditionnel de FO à l’inspectrice du travail et au lanceur d’alerte

Emploi et Salaires par Mathieu Lapprand

«  Nous entrons en résistance  !  », Didier Porte, Secrétaire confédéral du Secteur juridique.

800 personnes se sont rassemblées devant le palais de justice d’Annecy pour défendre, Laura Pfeiffer, une inspectrice du travail et un ancien salarié de Tefal Rumilly (Haute-Savoie), qui comparaissaient ce vendredi devant le tribunal correctionnel. En 2013, l’inspectrice aurait communiqué des mails de Tefal décrivant notamment les manœuvres de la direction de l’entreprise d’électroménager auprès de son supérieur hiérarchique afin de la faire muter.

Le tort de Laura Pfeiffer aura été d’avoir fait son travail : elle a, en 2013, remis en cause, à la demande des organisations syndicales, l’accord 35 heures signé une dizaine d’années plus tôt. Le risque pour l’entreprise résidait dans la transformation d’heures de travail normales en heures supplémentaires.

Quelques mois plus tard, en octobre 2013, Laura Pfeiffer a reçu un mail anonyme décrivant les pressions exercées par Tefal sur le supérieur hiérarchique de l’inspectrice du travail afin de la réduire au silence. Préfet, Renseignements généraux, tous les moyens auront été utilisés pour entraver son action. Des faits niés par Tefal dans un communiqué en date du 23 septembre dernier, qui affirme que la société « n’a jamais entravé l’exercice de l’inspectrice du travail, ni mis en œuvre quelque action qui aurait pu lui porter préjudice ».

Le procès politique de l’inspection du travail

Deux ans après, ce sont Laura Pfeiffer et le lanceur d’alerte, ex-salarié de l’entreprise, qui sont poursuivis pour avoir tenté de dénoncer ces pressions. Le monde à l’envers : la direction de Tefal se retrouve sur le banc des victimes. En réaction, la plupart des syndicats de l’inspection du travail ont appelé au rassemblement, le 16 octobre, devant le tribunal.

Didier Porte, secrétaire confédéral du secteur juridique, a apporté le « soutien inconditionnel » de la confédération à l’inspectrice et au lanceur d’alerte. Sa prise de parole devant le palais de justice a dénoncé « cette parodie de procès pour Laura Pfeiffer, ce procès politique de la profession doit cesser immédiatement car il vise à discréditer l’ensemble du contrôle du travail […]. C’est pourquoi nous sommes ici aujourd’hui pour demander la relaxe pure et simple ». Didier Porte a ensuite précisé les recours envisagés par la confédération et en particulier « une réclamation à l’OIT au titre de l’article 24 de sa Constitution en alléguant le non-respect de la convention 81, sur l’inspection du travail, et de son article 6 relatif à l’indépendance de l’inspection du travail vis-à-vis de l’employeur ».


Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante

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