Transition énergétique : le souci de l’approvisionnement en minerais stratégiques

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

Après un rapport pointant le manque de souveraineté de l’Europe sur les minerais et terres rares indispensables dans la transition énergétique, le gouvernement annonce des mesures censées sécuriser la production nationale dans le cadre de la transition écologique.

C obalt, lithium, nickel, terres rares... Autant de productions essentielles dont manque l’Europe, alors que ces minerais sont incontournables pour la fabrication des piles, électro-aimants et autres batteries des voitures électriques, indique le rapport de Philippe Varin (ex-président de France Industrie) remis le 10 janvier au gouvernement. Face à l’explosion de la demande mondiale sur ces matières premières, l’Europe, qui n’assurerait encore que 30 % de ses besoins en 2030, risque une dépendance, coûteuse. Elle doit donc sécuriser ses besoins, ses approvisionnements, explique le rapport, notant que la Chine affiche vingt ans d’avance sur le contrôle de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en minéraux et métaux stratégiques. Elle a pris notamment des participations dans des mines, dans des pays à bas coût de main-d’œuvre. Elle contrôle 40 % à 60 % de l’extraction des terres rares.

L’emploi à sécuriser, aussi !

Visant la réindustrialisation du territoire d’ici à 2030, le gouvernement français annonce des mesures à la suite de ce rapport. Parmi celles-ci, la création d’un fonds d’investissement, public/privé, pour sécuriser l’approvisionnement national avec des prises de participation dans des mines, qui devront afficher des normes sociales et environnementales responsables, ou encore l’ouverture jusqu’en janvier 2024 d’un appel à projets mobilisant pour l’instant un milliard d’euros (dont 500 millions de subventions) dans le cadre du plan d’investissement France 2030. Objectif : parvenir à créer de nouveaux sites de production, des techniques de transformation de minerais...  On peut produire beaucoup de choses sur le territoire, martèle Paul Ribeiro, secrétaire fédéral FO Métaux. Le gouvernement ouvre un grand chantier, mais il reste à connaître la vitesse de mise en œuvre des mesures et si elles seront à la hauteur, souligne-t-il. L’État doit jouer son rôle stratège par un plan cadré, vérifiable et avec des moyens. Quant aux industriels,  ils doivent jouer le jeu de la transition énergétique, par des investissements dédiés et dans le respect des contraintes pour une production socialement responsable. Mais plus largement, insiste Paul Ribeiro, dans ce contexte de grand chantier de la transition écologique appliquée à la production,  le dialogue social apparaît d’autant plus indispensable pour sécuriser l’emploi.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération