Le photographe américain Walker Evans (1903-1975), témoin de la détresse économique pendant la Grande Dépression, est la star de l’heureux été 2017 au Centre Pompidou, à Paris. Il s’agit de la première grande rétrospective consacrée à l’œuvre de Walker Evans dans une institution muséale française
, selon le langage fleuri du musée. Réunissant plusieurs centaines de clichés, l’exposition, organisée sous forme thématique, recouvre toute la carrière de ce photographe, reconnu comme un maître du style « documentaire ».
Le banal au pinacle
A ses débuts, Evans s’était orienté vers des recherches plutôt formelles et avant-gardistes avant de découvrir les photos du Paris des petits métiers du photographe français Eugène Atget. Dès lors, il photographiera l’invisible, du moins ce que l’on ne voit pas. Il sera le portraitiste des anonymes, l’illustrateur du banal, dont il montrera l’inventivité, hors de toute « culture », officielle ou non. Vous ne voulez pas que votre œuvre vienne de l’art ; vous voulez qu’elle prenne origine dans la vie ? C’est dans la rue qu’elle se trouve. Je ne me sens plus à l’aise dans un musée. Je ne veux pas les visiter. Je ne veux pas qu’on m’apprenne quoi que ce soit. Je ne veux pas voir de l’art
, déclarait-il au soir de l’accomplissement de sa vie.accompli