Annonces Macron : un peu de lest pour éviter la sortie de route ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Le président de la République lors de son intervention télévisée depuis le palais de l’Elysée le 10 décembre 2018. © Ludovic Marin/POOL/REA

Confronté au mouvement dit des « gilets jaunes », le chef de l’État a annoncé, le 10 décembre 2018, quelques mesures censées améliorer le pouvoir d’achat et diversement appréciées.

Marianne
Lors de son discours aux Français ce lundi 10 décembre, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé que le salaire d’un travailleur au Smic allait augmenter de 100 euros par mois dès 2019. Malgré les apparences, il n’y aura toutefois pas de coup de pouce au Smic mais à la prime d’activité. Sans compter un point noir : ce gain de pouvoir d’achat sera financé en grande partie par la sécurité sociale, pour mieux épargner les employeurs... Autrement dit, par le contribuable cotisant. Drôle de réponse à un mouvement qui se plaint d’être pris à la gorge par les impôts de toutes sortes.

Capital
Le Smic ? : Un calcul pour le moins trompeur, puisqu’il inclut des revalorisations ayant déjà fait effet cette année ». La revalorisation de la prime d’activité ? Elle « ne concernera pas tous les Smicards, car celle-ci est attribuée selon les revenus de l’ensemble du foyer, et peut donc ne pas bénéficier à une personne au Smic dont le conjoint gagne beaucoup plus. Par ailleurs, cette aide n’est pas attribuée automatiquement, il faut la demander. Selon un rapport remis au gouvernement en 2017, environ 30% des personnes éligibles n’en profitaient pas en 2016.

Le Parisien
En outre, la prime d’activité, prestation versée par la Caisse d’allocation familiale aux travailleurs modestes a été augmentée de 20 € conformément à la promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Au lieu de procéder comme prévu à une augmentation par vagues successives de 20 € en 2019, 2020 et 2021 (soit une hausse totale de 50 % au niveau du Smic) étalée sur tout le quinquennat, le chef de l’État a décidé d’accorder en une fois, au 1er janvier 2019. Des étrennes, en somme.

Sud-Ouest
Et les 3% dans tout ça : Le commissaire européen aux affaires économiques Pierre Moscovici a estimé, à propos du dépassement probable par le déficit français de la limite de 3% du PIB l’an prochain, que c’était envisageable de façon limitée, temporaire et exceptionnelle, dans une interview au Parisien mercredi. Il faut bien sauver le soldat Macron.

Libération
Et éviter de revenir sur l’ISF. Concernant l’ISF, le président a gardé le cap en rappelant qu’il n’y aura pas de recul. Revenir en arrière nous affaiblirait, a-t-il assuré. Nous ? D’autre part, le chef de l’État a déclaré que les grandes entreprises seraient appelées à contribuer à l’effort. Appelées à... mais il faut bien sauver le soldat Macron.

Le Figaro
D’ailleurs, Le patronat, de son côté, se dit satisfait. Mais accueillies froidement par les gilets jaunes, les annonces d’Emmanuel Macron ont suscité des réactions mitigées chez les représentants syndicaux. Si certains saluent un changement de méthode, sur le fond comme sur la forme, d’autres n’y voient que le reflet de l’hypocrisie d’un chef de l’État qui n’a rien compris à la colère manifestée depuis plusieurs semaines sur les routes de France.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante