Assurance chômage : l’exécutif franchit un nouveau cap

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

© Stephane LAGOUTTE/Challenges-REA

La responsabilité des partenaires sociaux, ce sont les salariés. La responsabilité de l’État, ce sont tous ceux qui sont au chômage, a lâché le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, dans le journal Le Monde, le 6 mars. Avant d’enfoncer le clou : Je considère que l’État devrait reprendre la main sur l’Assurance chômage de manière définitive.

Fini les faux-semblants. Pour Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO chargé de l’emploi, qui tirait la sonnette d’alarme depuis des mois, le gouvernement confirme ainsi sa volonté de reprendre les rênes de l’Assurance chômage. Il estime que ce transfert se fera probablement par le biais d’une lettre de cadrage de futures négociations impossibles à tenir.

L’exécutif aurait ainsi les mains libres pour sabrer toujours plus les droits des demandeurs d’emploi, obsédé qu’il est par l’idée d’atteindre le plein emploi en 2027, soit un taux de chômage autour de 5 %. Le Premier ministre, Gabriel Attal, avait déjà expliqué, le 27 février sur RTL, vouloir rouvrir le chantier de l’Assurance chômage pour mettre en place un modèle social qui incite davantage à l’activité.

À la clé, pas de carotte pour les demandeurs d’emploi, mais plusieurs bâtons. Parmi les pistes, pour toujours plus d’économies, une nouvelle réduction de la durée d’indemnisation et l’accentuation de la dégressivité des allocations. Gabriel Attal a également annoncé le 1er mars, lors d’un déplacement dans les Vosges, le triplement des contrôles de chômeurs d’ici à 2027, qui passeront de 500 000 à 1,5 million par an.

Pour quels effets ? Malgré deux réformes imposées par l’exécutif en 2019/2021 et 2023, le taux de chômage, actuellement à 7,5 %, repart à la hausse (+ 0,4 point en un an). En revanche, ces nouvelles règles, auxquelles FO n’a eu de cesse de s’opposer, précarisent toujours plus les demandeurs d’emploi.

45 % des allocations inférieures à 900 euros

Selon une analyse de l’Unédic du 20 février, un million de personnes sont impactées chaque année par le durcissement de la formule de calcul du salaire journalier de référence (SJR). Près de 45 % des allocataires qui ont ouvert des droits en réglementation 2021 ont des allocations inférieures à l’allocation minimale de 900 euros net par mois et 11 % sont en dessous du montant du RSA. Quant à l’allongement de quatre à six mois de la durée minimale de travail requise pour ouvrir des droits, il prive chaque mois 30 000 personnes d’indemnisation.

Selon la Dares, qui a publié le 27 février un « Rapport intermédiaire du comité d’évaluation de la réforme d’Assurance chômage initiée en 2019 », le nombre d’ouvertures de droits a baissé de 14 % en 2022, comparé à 2019, en premier lieu chez les jeunes et les plus précaires.

La confédération FO reste déterminée à défendre les droits des travailleurs. Elle vient d’attaquer, sous forme d’un recours pour excès de pouvoir, le décret du 23 décembre 2023 qui supprime les allocations chômage en cas de refus de deux propositions de CDI à l’issue d’un CDD, disposition entrée en vigueur au 1er janvier 2024. FO exige toujours l’agrément de la convention d’Assurance chômage négociée paritairement le 28 novembre dernier.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération