Automobile : vers une révision du calendrier du passage au tout électrique

InFO militante par Sandra Déraillot, L’inFO militante

© Oliver TJADEN/LAIF-REA

Alors que l’industrie automobile connaît de graves difficultés, la Commission européenne annonce le réexamen de l’interdiction de la vente de véhicules neufs à moteur thermique prévue pour 2035.

Les industriels européens l’expriment depuis de nombreux mois : l’objectif d’une interdiction des ventes de véhicules neufs à moteur thermique en Europe (une mesure du Pacte vert) en 2035 n’est pas atteignable. Le chancelier Allemand Friedrich Mertz, lui-même, a demandé plus de flexibilité dans la réglementation européenne, lors de l’ouverture du Salon de l’automobile de Munich : Il nous faut une réglementation intelligente, fiable et souple.

Hécatombe sur l’emploi

La Commission européenne semble entendre les difficultés de cette filière industrielle à opérer une transition vers l’électrique dans un laps de temps si réduit. La présidente de la Commission a annoncé le 12 septembre que la mesure d’interdiction, qui devait être réexaminée en 2026, le serait en fait le plus tôt possible.

En Allemagne, le secteur de l’automobile a perdu 50 000 postes entre mi-2024 et mi-2025. Volkswagen a annoncé se séparer de 30 000 salariés d’ici à 2030 et stoppe la production de deux de ses usines allemandes.
Des centaines de PME sous-traitantes subissent également des plans sociaux.

Le géant équipementier automobile Bosch vient d’annoncer la suppression d’ici 2030 de 13 000 emplois, principalement en Allemagne. Quant à la France, sur les douze derniers mois, 6 500 postes auraient été supprimés au total dans le secteur automobile. Et une étude de l’institut Xerfi, publiée en juin 2025, prédisait 75 000 suppressions de postes dans les dix ans pour l’ensemble de la filière auto française. Cette hécatombe sur l’emploi est à mettre en lien notamment avec la puissante concurrence chinoise sur les véhicules électriques, ou encore avec la crise des tarifs douaniers initiée par les États-Unis.

Depuis le début de l’année 2025, l’exécutif européen a lancé un dialogue stratégique sur l’avenir de l’industrie automobile. Est affichée la volonté d’aider un secteur aux prises avec ces difficultés multiples. Dans ce cadre, les constructeurs ont déjà obtenu le report de l’application d’une norme de performance concernant l’émission de CO2 par les véhicules. Ils espèrent à présent que soit également repoussée de quelques années l’interdiction de vente des véhicules neufs à moteur thermique.

Sandra Déraillot Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération