Carrefour : FO va renforcer l’accompagnement syndical des salariés des magasins mis en location-gérance

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

200 salariés se sont rassemblés le 24 octobre 2023 dans et devant le Carrefour de Flers-en-Escrebieux, près de Douai (Nord) © Syndicat FO Carrefour Douai/Flers

Quelque 37 nouveaux magasins seront mis en location-gérance en 2024, a annoncé le groupe Carrefour. Face à l’accélération de l’externalisation, et au non-respect de la clause sociale par certains locataires-gérants, FO va renforcer l’accompagnement syndical des salariés concernés.

La destruction du modèle intégré de Carrefour France s’accélère. Le 20 octobre, le groupe de distribution alimentaire a annoncé le passage, en 2024, de 37 nouveaux magasins en location-gérance (16 hypermarchés et 21 supermarchés), et donc de leurs 4 000 salariés. Ces externalisations s’ajoutent à la longue liste de magasins dont l’exploitation a été cédée, depuis cinq ans, à de plus petites structures, franchisés ou locataires-gérants : 41 en 2023, 43 en 2022, 47 en 2021... Au total, depuis 2018, près de 22 103 salariés auront quitté le réseau intégré de Carrefour France, soit 20% des effectifs. Si le groupe continue à ce rythme, d’ici deux ans, il y aura davantage d’hypermarchés franchisés ou en location-gérance qu’intégrés, dénonce Dominique Moualek, délégué national de FO (première organisation) pour les hypermarchés Carrefour.

Le militant fustige une délocalisation des emplois qui ne porte pas son nom et qui s’inscrit, rappelle-t-il, dans un plan de réduction des coûts visant 4 milliards d’euros d’économies d’ici à 2026. En réaction, à l’appel d’une intersyndicale comprenant FO, 200 salariés se sont rassemblés le 24 octobre dans et devant le Carrefour de Flers-en-Escrebieux, près de Douai (Nord), lequel est concerné par l’annonce, comme huit autres magasins du département. D’autres mouvements sont probables en novembre dans les magasins où la procédure d’information-consultation des instances représentatives du personnel va débuter. Comme à Maubeuge ou Avignon, prévient Dominique Moualek.

Non-respect de la clause sociale par certains locataires gérants

Et pour cause. Cette stratégie, qui permet à Carrefour France d’optimiser ses résultats (par l’externalisation d’une part de la masse salariale) tout en maintenant ses parts de marché, se fait au détriment des salariés. S’ils voient repris leur contrat de travail avec les droits attachés (ancienneté, salaire, qualification) et maintenus certains acquis sociaux (titres-restaurants, remise de 10% sur les achats en magasin, régime de mutuelle-prévoyance, volontariat pour le travail dominical, congé de fin de carrière) grâce à la « clause sociale » arrachée dès 2018 par FO et négociée sous forme d’accord à durée indéterminée, ils perdent, en moyenne, 1,5 à 2 mois de salaire par an dans le processus d’externalisation, rappelle le militant. Après quinze mois de transition, ils ne bénéficient plus des accords collectifs négociés chez Carrefour.

Pis, constate-t-il encore, certains locataires-gérants ne respectent pas la clause sociale et les obligations qui leur sont faites. Nous avons aussi constaté, dans certains magasins dont l’exploitation a été cédée, une augmentation d’infractions au code du Travail, pointe le délégué national FO pour les hypermarchés. Lequel exige de Carrefour France qu’il mette fin aux contrats de location-gérance avec les partenaires indélicats, à chaque fois que ceux-ci ne respecteraient pas les droits des salariés.

En attendant, le syndicat a décidé de renforcer l’accompagnement syndical des salariés concernés par la mise en franchise ou en location-gérance, notamment en dédiant une équipe à leur accompagnement au quotidien.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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