Chez Knauf industries, FO conteste le PSE en-deçà des moyens du groupe Knauf

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

Alors que l’administration du travail doit se prononcer d’ici le 21 octobre sur la demande d’homologation du PSE de Knauf Industries à Pithiviers (Loiret), lequel concerne la totalité des 29 salariés, le syndicat FO du site, majoritaire, continue d’exiger une nette amélioration des dispositions. L’ensemble des mesures doit être proportionnel aux moyens du groupe Knauf, appuie Jonathan Le Corre, délégué syndical central FO.

Pour les salariés, c’est de plus en plus dur, explique Jonathan Le Corre, délégué syndical central FO de Knauf Industries Centre, et délégué syndical de FO (majoritaire) sur le site de Pithiviers (Loiret). Comment pourrait-il en être autrement alors que ceux-ci attendent – d’ici le 21 octobre – la décision de l’administration du travail sur la demande d’homologation du PSE les concernant tous, laquelle conditionne la possibilité pour l’employeur de notifier leur licenciement économique ? La fermeture de leur site de fabrication de barquettes en plastique, pour l’agro-alimentaire, est déjà programmée et le démontage des outils de production, prévu à partir du mois de décembre.

Obtenir l’amélioration des mesures de reclassement

Cela n’entame pas la pugnacité du délégué syndical FO, qui continue de revendiquer une nette amélioration des dispositions du livre I (mesures de reclassement internes et externe d’un PSE, NDLR). Le 15 septembre dernier, c’est par la lecture d’un courrier sur le parking de l’entreprise que le militant, entouré des salariés, a accueilli le directeur général de Knauf Industries France, venu assister au CSE (comité social et économique) où devait être présenté le PSE, établi à l’issue de la période d’information-consultation des instances de représentation du personnel de Knauf Industries Centre (division de Knauf industries France). L’ensemble des mesures contenues dans le livret 1 doit être proportionnel aux moyens du groupe monde (le groupe Knauf, NDLR), soit le périmètre correspondant à près de 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022. A titre de comparaison, Knauf Industrie Centre a dégagé une rentabilité cumulée entre 2018 et 2021 de plus de 10 millions, a alors martelé le militant FO, qui continue d’exiger l’amélioration des mesures de reclassement.

Sur le sujet, le délégué syndical est pleinement mobilisé. Le 11 septembre, accompagné d’Hélène Fauvel, secrétaire confédérale FO chargée du secteur de l’Economie, il a été reçu au cabinet du ministre délégué à l’Industrie, avec une délégation de salariés, accompagné de l’expert-comptable représentant le personnel de tous les sites concernés par les fermetures. Dans la semaine du 2 octobre, il a encore eu un échange avec la Ddeets (Direction départementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) du Loiret, appelée à se prononcer sur la demande d’homologation du PSE.

FO dénonce l’absence de dialogue social

Les mesures d’accompagnement proposées par la direction France ne sont pas proportionnés aux moyens du groupe Knauf, malgré nos discussions de négociations, commente le militant, qui dénonce l’absence de dialogue social depuis l’annonce de la fermeture du site, le 26 juin, à l’occasion d’une visio-conférence sur la situation économique en France de Knauf Industries.

Lors de cette réunion d’information, on nous a parlé d’un projet de réorganisation. C’est là qu’on a appris que notre site allait être fermé. Cela a été très violent pour les salariés. En plus, la direction a considéré que cette visio était la R zéro, soit la réunion préparatoire au processus d’information-consultation des instances de représentation du personnel. Dans la foulée, on a reçu, par mail, les livres I (PSE) et II (motivations et projet de réorganisation)... Et le processus d’information-consultation a débuté début juillet, rappelle le militant FO. Pour le moins expéditif.

Ce 26 juin, la filiale française de Knauf Industries (qui est la division du groupe familial allemand Knauf spécialisée dans les emballages et les pièces techniques industrielles en plastique) a annoncé la fermeture d’un quart de ses sites de productions en France, soit quatre usines – celles de Pithiviers, Duclair (Seine-Maritime), Rhinau (Bas-Rhin), Saint-Sauveur-d’Aunis (Charente-Maritime) – et un total de 123 licenciements (16% des effectifs français). Knauf Industries France a motivé sa décision par la dégradation de sa situation financière (environ 200 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, NDLR), en raison des coûts de l’énergie, des matériaux et d’une baisse de consommation de plastiques à usage unique. La réorganisation envisagée, qui pourrait créer 52 nouveaux postes, doit permettre selon elle d’adapter la structure de production à la baisse des volumes, et réduire (…) les coûts de production.

Un PSE de rentabilité

Mais, pour le DSC FO, qui conteste la motivation économique du plan social, il s’agit d’un PSE de rentabilité. L’un des arguments de la direction est que le site de Pithiviers n’est pas assez moderne. Mais elle n’a pas répondu aux préconisations de la Dreal (direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement, NDLR) qui préconisait, dès 2012, de faire d’importants travaux de mise en conformité. Quant à la baisse du volume d’activités, elle relève aussi de décisions d’entreprise. La fermeture a été orchestrée, appuie-t-il.

Si Knauf industries France a amélioré certaines dispositions, ce n’est, précise-t-il, que le fruit de la première lettre d’observation de l’administration du travail et de la lutte des salariés. Ils ont débrayé plusieurs jours, à l’annonce de la fermeture, et une délégation issue de plusieurs sites a manifesté, en août, devant le siège social de Knauf industries France. Suite à l’injonction faite durant la procédure par les représentants du personnel, pour obtenir des informations sur la situation financière en 2021 et 2022 du groupe monde (lesquelles ont été fournies), Knauf industries France a très nettement amélioré sa proposition de prime supra-légale. Elle l’a portée à 13 000 euros brut par salarié, et 1 000 euros brut par année d’ancienneté, soit… plus de quatre fois le montant initialement proposé.

Pour toutes les autres mesures, on n’a rien pu négocier. La direction s’est basée sur cette première lettre d’observation de l’administration du travail, en moyennant les propositions d’amélioration qu’elle lui a faites, précise le militant FO qui revendique une révision de l’ensemble des mesures à la hauteur des moyens du groupe Knauf, et notamment une hausse de la durée du congé de reclassement, à 18 mois pour tous (contre actuellement 10 mois pour les salariés de moins de 50 ans, et jusqu’à 12 mois pour les plus âgés). Le syndicat espère de nouvelles préconisations de l’administration du travail sur le sujet, pendant cette phase finale d’homologation du PSE.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération