Chez Schaeffler France, FO revendique des garanties sur le maintien de l’emploi

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

©Frederic MAIGROT/REA

Anticipant la transition électrique de l’industrie automobile, l’équipementier allemand a annoncé une nouvelle rupture conventionnelle collective (RCC) visant le départ de 239 salariés sur ses sites d’Haguenau (Bas-Rhin) et de Chevilly (Loiret). C’est la seconde en moins de deux ans. FO revendique des garanties sur le maintien des emplois en France. Les réponses de la direction sont attendues fin août.

En aucun cas, la baisse des effectifs ne peut devenir la seule variable d’ajustement pour assurer la pérennité de Schaeffler France. FO refuse que les économies se fassent sur le dos des salariés !, martèle Denis Petrazoller, délégué syndical central FO de l’équipementier automobile, où la direction a annoncé le 17 juin une nouvelle rupture conventionnelle collective (RCC). La seconde en moins de deux ans. L’entreprise se donne jusqu’à fin septembre pour faire aboutir les négociations sur le sujet.

La première RCC, ouverte en février 2020 et qui se clôturera fin 2021, a organisé le départ de 197 salariés sur le site de production d’Haguenau, dans le Bas-Rhin. Cette fois, via la seconde, Schaeffler France compte se séparer de 239 salariés, dont 142 dans l’usine d’Haguenau et 55 sur le site de Chevilly (Loiret).

FO exige des mesures fortes pour maintenir l’emploi en France

Faire face à deux RCC en moins de deux ans sur le site d’Haguenau, jamais nous n’aurions pensé nous retrouver dans cette situation ! C’est inédit, explique le militant FO. A l’issue de ce nouveau plan, le site d’Haguenau, le principal de la filiale française, verrait ses effectifs réduits de 18%, à 1.700 salariés.

Dans les jours qui ont suivi l’annonce, le 17 juin lors d’un CSEC extraordinaire, le syndicat FO, deuxième organisation, a envoyé une lettre à la direction pour lui demander de s’engager fermement à maintenir l’emploi sur ses différents sites en France, via des mesures fortes telles que le développement de lignes de production axées sur des produits d’avenir et le gel des futures délocalisations des produits en cours de développement.

On ne peut pas laisser Schaeffler France être démantelé, sans exiger de garanties et se battre pour les obtenir. Il faut penser aux générations futures, commente le DSC FO, qui a posé sa revendication avant le début des négociations. Il a eu l’assurance qu’une réponse lui serait fournie le 28 août, date de la quatrième séance de négociations.

Un plan qui anticipe l’interdiction à la vente des voitures neuves à moteur thermique

Schaeffler France motive sa décision par l’évolution de la demande de ses clients, constructeurs automobiles, qui ont anticipé l’accélération du calendrier de l’interdiction à la vente de voitures neuves à moteur thermique. En effet, le 14 juillet, Bruxelles a annoncé que cette interdiction serait effective dès 2035, et intégrerait même les voitures à moteur hybride. La décision fait partie des 13 directives proposées pour réduire de 55% les émissions de CO2 en 2030 par rapport à 1990.

Pour être juste, la transition énergétique ne doit pas se conduire au détriment de l’emploi, a aussitôt réagi la fédération FO des Métaux, qui a appelé à une vraie politique de promotion et d’accompagnement de l’industrie française automobile et de ses salariés. De longue date, elle revendique une véritable ambition industrielle dans le cadre de cette transition électrique, passant par la relocalisation de la fabrication de composants électroniques en France (par le biais notamment d’un conditionnement des aides publiques) et par un effort gigantesque sur la formation pour offrir à chaque salarié une opportunité dans les futurs métiers. Avec 850.000 emplois en amont (chez les constructeurs, équipementiers et dans les services automobiles), la filière est un acteur majeur de l’emploi industriel dans l’Hexagone.

Manque de respect envers les instances représentatives du personnel

Dans ce contexte, pour les sites Schaeffler, qui travaillent à 80% pour l’automobile thermique (pour la fabrication de roulements), l’annonce du nouveau plan de réduction des effectifs n’est pas une surprise. Mais on n’attendait pas d’annonce avant 2022, souligne le DSC FO.

La direction France a profité de la remise, en juin, d’une expertise sur la situation économique et la stratégie de l’entreprise, commanditée par le CSE-C, pour sortir du bois. Elle a aussitôt mis sur la table sa proposition de deuxième RCC, alors qu’elle prétendait jusqu’alors que tout allait bien. Visiblement, elle travaillait sur le sujet depuis des semaines, souligne Denis Petrazoller, qui appelle la direction à ne pas mettre en péril la qualité du dialogue social.

Car, avant même que les négociations ne débutent, la direction a diffusé une note de service aux salariés des sites de Haguenau et de Chevilly les informant de ses propositions. Des propositions améliorées comparé à celles de la première RCC. La direction veut faire partir très vite les salariés, constate le DSC FO, pour qui cette grosse manœuvre révèle un manque de respect envers les instances représentatives du personnel. Les salariés nous ont déjà rapporté que certains managers disaient : ça bloque au niveau des syndicats. La direction essaie de nous mettre en porte-à-faux vis-à-vis des salariés ! Ce n’est pas acceptable.

Shaeffler France mise sur les mesures d’âge

Schaeffler France mise sur les mesures d’âge pour mener à bien ce deuxième plan de suppressions d’emplois. Celles-ci pourraient concerner jusqu’à 140 des 239 salariés visés par la nouvelle RCC.

Aux plus de 58 ans, éligibles à une retraite à taux plein (entre le 1er décembre 2021 et le 1er juillet 2025), la direction propose un congé sénior de deux ans, soit une dispense d’activité jusqu’à la liquidation de leur pension. Et elle l’assortit d’une allocation, équivalente à 50% du salaire mensuel de référence, complétée d’une indemnité, sous forme d’avances mensuelles, pour maintenir le salaire à 100%. Pour ceux qui n’ont pas une carrière complète, elle propose, par une enveloppe dédiée, de permettre le rachat jusqu’à deux trimestres, soit 12000 euros, dont 2000 euros resteraient à la charge du salarié.

Pour favoriser les départs volontaires, elle met sur la table une indemnité, variant de 30.000 euros bruts pour les salariés ayant moins de 5 ans d’ancienneté jusqu’à 50.000 euros bruts pour ceux comptant 10 ans, et plus, d’ancienneté.

FO vigilante sur la charge de travail des salariés qui resteront

Si FO a signé le 7 juillet l’accord de méthode, préalable aux négociations, le syndicat attend de pied ferme la réponse de la direction à son exigence de garanties sur le maintien de l’emploi. Pour les négociations, qui entreront fin août dans le vif du sujet, la deuxième organisation de Schaeffler France a une liste fournie de revendications, également pour les salariés qui resteront.

La formation et la transmission des compétences doivent aussi être au cœur de cette négociation, ainsi que les conditions de travail. La charge de travail doit être encadrée et revue. Il n’est pas question que la direction, après avoir supprimé plus de 200 emplois, exigent des salariés qui resteront d’atteindre le même chiffre d’affaires qu’en 2019, avertit Denis Petrazoller, délégué syndical central FO.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération