Christine Marchetti-Hakani, la défense du service public de l’enseignement chevillée au corps

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

© F. BLANC

Christine Marchetti-Hakani, 53 ans, est secrétaire départementale lycées-collèges de la FNEC FP-FO dans le Val-d’Oise. Enseignante depuis vingt-deux ans, elle est l’un des visages FO de l’opposition à la réforme du « Choc des savoirs ».

Contre la mise en place des groupes de niveau au collège, en mathématiques et en français, Christine Marchetti-Hakani est de toutes les manifestations parisiennes. Pour la troisième mobilisation organisée dans la capitale le 2 avril, en sus d’un appel national des enseignants à la grève, la secrétaire départementale lycées-collèges dans le Val-d’Oise de la FNEC FP-FO était facilement repérable sous son drapeau rouge FO, porté haut et personnalisé d’un 95 en lettres noires. L’école publique n’est pas faite pour trier, appuyait la prof de français. Ce mardi, elle ne battra le pavé qu’une paire d’heures pour regagner à temps son bahut.

Le soir même, elle tractait devant les grilles du collège public Léonard de Vinci à Bouffémont (Val-d’Oise), où elle enseigne, pour inciter les parents d’élèves à rejoindre une réunion d’information sur la réforme voulue par Gabriel Attal et dont FO demande le retrait. La militante est intarissable sur ses dangers : la rupture avec la logique du collège unique, le risque de relégation et ségrégation sociales pour les plus défavorisés et/ou fragiles scolairement, l’absence de moyens – la réforme étant prévue à moyens horaires constants voire en régression. Ce qui va contraindre les établissements à prendre des heures sur d’autres disciplines. Dans mon collège, on a perdu quarante heures d’enseignement en deux ans. Il n’y a déjà plus de technologie en 6e ni d’enseignement en demi-groupe en langue étrangère, précise-t-elle, furieuse contre cette réforme qui casse le service public de l’enseignement, déjà exsangue.

J’apprends la détermination

Expliquerécouteramplifier la prise de conscience des raisons pour lesquelles on en est là… Voilà ce qui motive l’enseignante, qui a la défense du service public de l’enseignement chevillée au corps. C’est ce qui l’a poussée en 2014 à prendre sa carte à la FNEC FP-FO, choisie parmi toutes les organisations parce qu’elle ne s’abîme pas dans la seule défense des intérêts catégoriels, mais voit plus grand, interroge les politiques publiques. Pendant dix ans, j’ai été une simple adhérente. Entre la correction des copies et mes deux enfants, j’étais occupée, précise cette native du Val-d’Oise, titulaire d’une maîtrise en lettres modernes, licenciée en italien et en français langue étrangère. Avant son adhésion à FO, pour avoir critiqué une précédente réforme, la fonctionnaire au franc-parler avait écopé d’un signalement administratif, pour propos publics déloyaux.

Les enfants grandis et les mouvements sociaux de la fin 2018 – lesquels ont permis de redécouvrir la fraternité – l’ont poussée à s’investir davantage, mue par la volonté de tisser du lien social au service de ses convictions. J’ai commencé par animer les heures syndicales dans les établissements, rappelle-t-elle. Remarqué, son investissement lui vaut d’être devenue, l’an passé, secrétaire départementale lycées-collèges (SNLC-FO) de la FNEC FP-FO, chargée de coordonner l’action des militants. Contre la mise en place des groupes de niveau, elle table aujourd’hui sur les luttes, reliées entre elles, que mènent les enseignants du primaire et du secondaire, les associations de parents et les élèves. À l’image du mouvement né en Seine-Saint-Denis depuis février. Un travail de fourmi, concède-t-elle : J’apprends la détermination.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération