A vant d’entrer chez Alten SA, Corine Hamouda avait déjà fait un milliard de choses
. Contrainte de renoncer à son désir de devenir coiffeuse en raison d’allergies aux produits, la jeune fille, née à Nice et qui a grandi dans l’arrière-pays cannois, s’oriente vers un BEP d’hôtesse d’accueil, puis enchaîne sur un bac puis un BTS d’assistante de direction bilingue en anglais. Mais sa vie professionnelle prend des chemins de traverse. Elle est d’abord assistante commerciale puis technico-commerciale chez Hygena Cuisine, et se spécialise durant seize ans dans la conception de cuisines équipées. Puis elle s’expatrie à l’île Maurice en 2011, où elle achète une compagnie, se lance dans l’import-export et devient grossiste pour des hôtels de luxe de l’océan Indien.
À son retour dans les Alpes-Maritimes, en 2015, la jeune maman repart de zéro. Recrutée par l’agence Pénélope, elle devient responsable des hôtesses d’accueil pour l’ouverture d’un grand centre commercial de Cagnes-sur-Mer. Au bout de deux ans, on a perdu le contrat et j’ai été licenciée,
, relate-t-elle. Elle est réembauchée par Pénélope quelques semaines plus tard.
N’ayant aucune envie de résumer ses journées à faire uniquement de l’accueil, cette sportive grapille de nouvelles tâches, sympathise avec tout le monde, et se rend vite indispensable. À tel point qu’elle est nommée assistante des services généraux, puis assistante de gestion du personnel au service des ressources humaines, poste qu’elle occupe depuis bientôt deux ans. Nous sommes trois pour gérer le parcours de nos ingénieurs, pour la plupart étrangers, de leur entrée à leur sortie de l’entreprise
, raconte-t-elle.
Sur ses différents sites français, Alten SA emploie 6 000 salariés, presque exclusivement des cadres. C’est l’une des plus grosses entreprises au sein de la branche BETIC (Syntec). Elle appartient au groupe Alten, implanté dans une trentaine de pays. Lorsqu’en novembre dernier, un collègue d’une autre entité du groupe lui propose d’aller négocier, au nom de FO, le protocole d’accord préélectoral en vue des élections professionnelles, elle se lance, malgré son manque total d’expérience syndicale.
Une liste montée en deux semaines
Encouragée par son entourage, elle décide dans la foulée de monter une liste FO face à cinq autres organisations syndicales. Elle active ses contacts et trouve une dizaine de candidats en deux semaines, essentiellement des cadres : consultants, chef de projet, chargée de mission carrières… Elle et son équipe se mobilisent ensuite pour faire voter un maximum de salariés. Et à l’heure des résultats, le 26 janvier, FO remporte 19,51 % des voix, le seul siège de titulaire chez les non-cadres (66 %) et trois sièges chez les cadres (15,67 %). Le syndicat arrive en troisième position, à moins d’un point de la deuxième organisation.
Élue au CSE, Corine compte notamment se consacrer à la CSSCT et aux loisirs. Elle a aussi été nommée référente harcèlement. Elle souhaite se former rapidement pour mener ces nouvelles missions. Son objectif, porter la voix des salariés au niveau du siège et participer à la vie de l’entreprise de manière constructive pour faire bouger les choses. C’est un peu une prolongation de mon métier, à mon poste je défends déjà les consultants au quotidien
, explique-t-elle.