Année d’une inflation qui s’envole, 2022 se traduit entre autres par le record d’impayés sur les factures de gaz et d’électricité, note Olivier Challan Belval, médiateur de l’énergie, dans un communiqué le 29 mars. L’année dernière, le nombre d’interventions des services du médiateur (autorité publique indépendante) pour impayés a bondi de 10 %, atteignant le chiffre de 863 000. Du jamais vu depuis le recensement de ces interventions. Selon une première estimation de l’Insee, le prix de l’énergie a augmenté de 4,9% en un an, en mars. C’est une première diminution, après une inflation de 14,1 % sur un an en février.
Le nombre d’interventions pour impayés montre aussi la portée plus que limitée des mesures ponctuelles mises en place par le gouvernement tels les chèques énergie. Ils n’ont pas suffi aux foyers les plus en difficulté pour payer leurs factures. Toutefois, cette hausse des interventions pour impayés ne s’est pas suivie d’une explosion des coupures de gaz ou d’électricité, qui ont au contraire diminué de 38 %. Certains fournisseurs, à l’image d’EDF, ayant choisi de suivre les préconisations du médiateur national en procédant à des réductions de puissance, plutôt que des coupures, en cas d’impayés.
Une inflation à 15,8 % pour l’alimentation
Comment expliquer ce record d’interventions ? Pour Frédérique Fériaud, directrice générale du médiateur de l’énergie, la probable explication de ce record d’interventions pour impayés réside dans l’inflation sur les produits du quotidien depuis le printemps 2022. Les ménages modestes tentent de joindre les deux bouts. Et leur effort est particulièrement marqué en ce qui concerne l’alimentaire avec, selon les récentes statistiques publiées par l’Insee, une hausse des prix de 15,8 % en un an. C’est un point de plus qu’en février. Une inflation si forte que cela a conduit 200 000 personnes supplémentaires à pousser la porte des Restos du Coeur. Pour les ménages les plus fragiles, l’équation est celle-ci : payer les factures d’énergie ou se nourrir.
La crise énergétique actuelle nous interroge sur les dispositifs de protection à long terme
, estime le médiateur de l’énergie Olivier Challan Belval. Et ce sont effectivement les plus fragiles qui subissent de plein fouet cette période difficile. Aux antipodes de ces difficultés... Patrick Pouyanné, P-DG de TotalEnergie, a vu sa rémunération augmenter de plus de 23 % en 2022, pour un salaire annuel atteignant 7,33 millions d’euros dont 1,5 million de rémunération fixe. Cerise sur le gâteau, les actionnaires du groupe sont appelés à voter en mai une hausse de 10 % de cette rémunération pour 2023. Même Clément Beaune, ministre des transports, estime que l’on
des consommateurs les plus fragilesaurait pu s’en passer dans la période qu’on vit
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Pour FO, la solution reste l’augmentation des salaires
Si, au-delà de cet exemple, les rémunérations des P-DG, et des actionnaires des grandes entreprises, augmentent, les salariés souffrent, eux, d’un pouvoir d’achat à la peine, laminé par l’inflation forte. Et le phénomène est d’autant plus notable en l’absence de hausses de salaires à la hauteur des besoins. Depuis plus d’un an, dès l’arrivée de cette inflation forte, FO a d’ailleurs mis l’accent sur la nécessité impérieuse, et plus que jamais, d’augmenter les salaires. Cela en apportant un coup de pouce conséquent au Smic mais aussi en faisant aboutir les négociations (dont en activant les clauses de revoyure) sur les salaires dans les entreprises et dans les branches. Et c’est aussi, dans les mobilisations contre la réforme des retraites, l’une des raisons pour lesquelles les travailleurs sont aussi nombreux à manifester dans les rues de France. Pour FO, l’augmentation des salaires reste une exigence telle que réaffirmée dans la résolution du Comité confédéral national du 30 mars et toujours inscrite sur le fronton du siège parisien. Pour FO, la multiplication de primes ponctuelles et à effet limité ne saurait se substituer à une revalorisation des salaires.