Delphi-diesel, une des trois plus importantes entreprises du bassin d’emplois de la Rochelle (Charente-Maritime), fermera ses portes en décembre prochain.
L’entreprise américaine qui fabrique des injecteurs pour l’automobile et était à l’origine l’équipementier de la firme General Motors est basé à Périgny dans la banlieue de la Rochelle.
Anciennement Roto diesel puis racheté par Lucas-diesel, cela avant une fusion avec Vareti à la veille de son rachat en 2001 par le groupe Delphi, le site a été construit en 1978 à Périgny.
Delphi-diesel compte actuellement 350 salariés. « En 2001, l’entreprise a connu un effectif de plus de 1 000 salariés dont 378 intérimaires » indique Jean-Louis Dupain, 55 ans, secrétaire du syndicat FO chez Delphi et par ailleurs secrétaire de l’Union des syndicats de la métallurgie de Charente-Maritime, l’USM-17.
Quelle est la raison de la fermeture prochaine de Delphi ? La direction invoque des coûts de production trop chers à La Rochelle. Après avoir lutté depuis plus d’un an pour améliorer les modalités du plan de sauvegarde des emplois (PSE), les salariés, eux, fulminent.
Vers la Chine…
« L’entreprise dégage encore 38% de marge brute indique Jean-Louis Dupain précisant que le savoir-faire des salariés rochelais est reconnu.
« Delphi bénéficie de l’indicateur 3PPM ». Derrière ce jargon professionnel se cache la qualité du travail. Le 3PPM signifie qu’il y a 3% seulement de défauts sur les premières pièces montées.
Peu importe cependant au groupe Delphi qui dans sa course à la réduction des coûts délocalise à tour de bras, bien sûr dans des pays à faible coût de main d’oeuvre. Ainsi dès 2004, Delphi-diesel qui trois ans auparavant seulement rachetait le site rochelais a commencé son mouvement de délocalisation.
Le groupe a ouvert des usines en Roumanie (2004) puis en Turquie plus en 2015 en Chine.
« C’est cette usine qui va reprendre la production faite ici à Périgny » s’indigne Jean-Louis Dupain.
Le site de Charente-Maritime n’est pas le seul à faire les frais de la politique de délocalisation du groupe. « Après sa fermeture, il ne restera en France que trois des seize sites Delphi : Villepinte, Saint-Aubin-du-Corbier et Blois, la maison mère de Delphi-diesel elle-même menacée. »
« C’est difficile pour les jeunes salariés »
La situation de délocalisation est d’autant plus choquante pour les salariés du site rochelais que Delphi a bénéficié d’aides substantielles de l’État.
« C’est la cerise sur le gâteau ! Delphi bénéficiait du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE). L’entreprise a bénéficié aussi de 21 millions d’euros de crédit d’impôt au titre de la recherche et développement. Le PSE a coûté 23 millions… »
Ce plan que l’action de négociation de FO (deuxième syndicat de l’entreprise avec environ 30% des suffrages) a largement contribué à améliorer laisse les salariés amers.
Ce plan prévoit certes de nombreux mois de portabilité pour les préretraités, deux ans pour les congés de reclassement, une prime de licenciement, etc. « Il n’en reste pas moins que la situation est difficile pour les plus jeunes salariés » insiste Jean-Louis Dupain.
« Des formations ont été prévues, suivies de CDD chez Alstom ou encore chez Stelia Aerospace. Mais il n’y a rien de sûr et pérenne pour l’instant ». Face à cette situation douloureuse, les salariés de Delphi sont d’autant plus « remontés » contre le projet de loi travail.
« C’est un projet, libéral, scandaleux » fulmine Jean-Louis Dupain. « Faciliter les licenciements ? A croire que les politiques sont dans un autre monde ! Nous, on combattra ce projet jusqu’au bout. On n’a rien à perdre ».
Sur le bassin d’emplois de La Rochelle, le site d’Alstom-Transport à Aytré a fait grève et l’Union des syndicats de la métallurgie de Charente Maritime « a été à l’origine du blocage de la rocade lors des récentes mobilisations » rappelle fièrement Jean-Louis Dupain.