Éducation nationale : un bilan de rentrée faussement rassurant

InFO militante par Sandra Déraillot, L’inFO militante

© Fred MARVAUX/REA

L’exécutif se dit rassuré : la rentrée se passe moins mal qu’en 2022. Pourtant il n’y a toujours pas un prof devant chaque classe des écoles, collèges et lycées de France.

Le gouvernement se félicite que la carence en professeurs soit moindre qu’à la rentrée 2022. Pourtant, comme chaque année depuis 2010, des centaines de postes sont vacants. Près de 20 % n’ont pas été pourvus par les concours de 2023, soit quelque 3 126 postes (1 315 dans le premier degré et 1 811 dans le second degré).

S’il n’est pas facile de s’y retrouver dans les informations partielles diffusées par le ministère, les académies de Versailles, Créteil, de la Guyane (95 admis pour 255 postes) et de Mayotte (135 admis pour 185 postes) seraient les seules touchées. Dans les lycées et collèges près de 18 % des postes n’étaient pas pourvus à la rentrée au niveau national, 14 % dans l’enseignement technologique et près de 24 % dans les lycées professionnels. Les disciplines loin de faire le plein sont l’allemand (58 % de postes non pourvus), la musique (43 %), les lettres classiques (30,6 %), la physique-chimie (25 %), les maths (24 %), les lettres modernes (20%).

Des motions signées contre le Pacte

Et au-delà des profs, l’Éducation nationale manque aussi de psychologues, d’infirmières, d’assistantes sociales et de personnels administratifs et techniques. Dès que l’on se met à observer les établissements on se rend compte qu’il manque une secrétaire ici, un adjoint administratif là…, observe François Pozzo di Borgo, secrétaire général du SNFOLC.

Il faut dire que malgré les mesures censées améliorer l’attractivité des carrières à l’Éducation nationale, le nombre de candidats aux concours demeure inférieur d’un tiers à celui de 2021. Parmi les dernières mesures annoncées, le Pacte et ses missions supplémentaires intéressent peu. D’après un sondage syndical repris dans la presse – le gouvernement n’a pas communiqué de données de son côté – seuls 15 % des établissements du second degré auraient distribué plus de la moitié de leurs missions. Le taux d’adhésion est plus élevé dans les lycées pros (LP) où les briques du Pacte recoupent parfois des fonctions déjà assurées par les professeurs des LP : 28 % des missions y ont trouvé preneur. Et dans 30 % des collèges et lycées aucun Pacte n’avait été conclu début septembre. Des motions de refus ont même été signées par les enseignants pour signifier leur opposition à ce dispositif. Le SNFOLC a recueilli près de trois cents d’entre elles. Celles signées par les adhérents du SNUDI-FO mettent en avant l’augmentation de la charge de travail déjà lourde, la mise en concurrence des personnels (en permettant aux professeurs des écoles d’intervenir au collège) et la casse de leur statut que représenterait le Pacte.

 

Une revalorisation pas à la hauteur des promesses

Entre 125 et 250 euros net de plus par mois, promettait Gabriel Attal le 28 août aux enseignants. Dans la réalité, pour 66 % d’entre eux – ceux affichant plus de 14,5 ans de carrière – la revalorisation sera de 3,4 %, soit 95 euros net. Seule la rémunération de ceux enregistrant 4 à 11,5 ans de carrière (10 % des effectifs) sera rehaussée de plus de 200 euros par mois. L’augmentation moyenne sera de 5,5 %. Et à noter que celle-ci est obtenue en jouant sur les indemnités de suivi et la prime d’attractivité. Des composantes de la rémunération qui n’entrent pas dans le calcul de la pension de retraite. Quant au traitement indiciaire, il a été plus que faiblement revalorisé, le point d’indice n’ayant été relevé que de 1,5 % en juillet (et 3,5 % en 2022). On est donc bien loin des 10 % de revalorisation salariale évoqués pour les enseignants par l’actuel exécutif lors de la campagne présidentielle de 2022.

Sandra Déraillot Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération