Il s’agit de la plus longue grève de l’histoire de la Deutsche Bahn, la compagnie ferroviaire publique allemande : les six jours de paralysie des transports qu’a connu le pays fin janvier étaient du jamais vu outre-Rhin. Symbole du ras-le-bol des salariés face à la baisse de leur pouvoir d’achat, les mobilisations se multiplient, notamment dans les transports (ferroviaires, locaux et aériens). Entre 2012 et 2021, les Allemands n’avaient fait grève en moyenne que 18 jours par an – contre 92 en France et 96 en Belgique.
La multiplication des mobilisations et grèves d’avertissement en Allemagne n’est que la conséquence de la dégradation du droit à la négociation collective
, décrypte Branislav Rugani, secrétaire confédéral du secteur international de FO. Réputé rodé au dialogue social, le pays connaît une flambée de colère inédite en lien avec l’inflation. Mi-janvier, les agriculteurs allemands se sont massivement mobilisés aussi pour protester contre une réforme de la fiscalité sur le diesel. Le gouvernement a annoncé que la suppression de cet avantage fiscal serait progressive, sans parvenir à apaiser la colère.
Bond spectaculaire des adhésions syndicales
Dans les transports en commun locaux, la question des conditions de travail vient s’ajouter aux revendications salariales. Le syndicat Verdi réclame une réduction du temps de travail hebdomadaire, avec une compensation salariale complète
, dans un secteur faiblement attractif et donc sujet aux pénuries de main-d’œuvre. Du côté des transports aériens, la compagnie nationale Lufthansa a dû annuler 90 % de ses vols lors de la grève du 7 février, faute d’accord trouvé dans les négociations collectives.
Accablée par la baisse de ses exportations, l’Allemagne est officiellement tombée en récession en 2023, avec une chute de 0,3 % de son PIB. Pour défendre leurs droits dans ce contexte difficile, les salariés ont su vers qui se tourner, rappelle Branislav Rugani : C’est également un symbole clair que la mobilisation paie en termes d’adhésion syndicale, la Confédération allemande des syndicats ayant vu une hausse de plus de 37 % de ses adhésions par rapport à l’année dernière.
Les Finlandais en grève contre la casse de leurs droits sociaux
Depuis le 31 janvier, la Finlande est touchée par des grèves massives ayant déjà réuni des centaines de milliers de personnes, sur un pays qui compte 5,5 millions d’habitants. En cause, un projet de réforme du marché du travail présenté par le gouvernement conservateur de Petteri Orpo, qui prévoit notamment la restriction du droit de grève, la modération salariale et une nouvelle décentralisation chaotique de la négociation collective au niveau des entreprises, au détriment des branches,
. Le mouvement se poursuit cette semaine dans les secteurs des transports, de la petite enfance et des industries chimiques et alimentaires.