L’ensemble des salariés de France Télévisions sont appelés à faire grève le 4 avril 2018 en soutien au journaliste Marc Pitte. Le syndicat FO les encourage aussi - surtout s’ils passent à l’antenne - à porter un badge « Non au licenciement de Pitte ».
Cet ancien grand reporter de guerre, désormais rattaché à la rédaction de France 3 Normandie pour des raisons familiales, a été licencié sans ménagement mi-février après 30 ans de maison. Les syndicats FO, SNJ, CFDT et CGT dénoncent dans un préavis de grève commun « l’absence de motifs valables » et exigent de la direction l’annulation de son licenciement.
« Il lui est reproché une infraction au code de la route, qui n’a pas même pas été verbalisée, explique Éric Vial, délégué syndical central FO. Il a poussé une barrière pour aller plus vite sur un événement et la société d’autoroute l’a signalé à la rédaction de France 3. On lui dit qu’il nuit à l’image de l’entreprise. » Autre reproche « ubuesque » selon les syndicats, une « controverse avec son rédacteur en chef ».
Dénoncer la violence managériale
Fin mars, les syndicats ont proposé à la direction de lever le préavis si elle acceptait de recourir à une médiation, comme le prévoit la convention collective des journalistes. Ils ont essuyé un refus.
« Ce licenciement est d’une injustice criante et il est révélateur du climat ambiant, poursuit Éric Vial. On peut penser que c’est une affaire de journalistes mais ça va au-delà. Des secrétaires, des personnels administratifs et des techniciens m’appellent, ils vont se mettre en grève pour dénoncer la violence managériale. »
Cette unité syndicale, qui ne s’était pas vue depuis plusieurs années dans le groupe France Télévisions, révèle la profondeur du malaise. « Le licenciement de Jean-Marc Pitte est une violence sociale, menaçante pour tous les salarié‑e-s, écrivent les organisations dans le préavis de grève. Ces méthodes de management sont intolérables dans notre entreprise de service public. »
Éric Vial voit aussi dans ce licenciement un effet du contrat d’objectifs et de moyens, qui prévoit la suppression de 500 postes en équivalent temps plein à l’horizon 2020. « Aujourd’hui, toutes les excuses sont bonnes pour licencier, poursuit-il. Et les ordonnances Macron permettent de le faire et de savoir à l’avance combien ça va coûter en cas de condamnation. C‘est une injustice à tous les niveaux, financée avec l’argent des contribuables. »