Relation des syndicats avec le pouvoir exécutif, travail en intersyndicale, pouvoir d’achat, réformes des retraites et de l’assurance chômage, apprentissage, élections professionnelles dans la fonction publique : tels étaient les thèmes qui étaient au menu du petit déjeuner auquel participait Frédéric Souillot, le 9 novembre, à l’invitation de l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis). L’occasion, pour le secrétaire général de FO, d’exposer son analyse de la situation sociale et de s’exprimer sur plusieurs sujets d’actualité.
Contrairement au précédent quinquennat les organisations syndicales reviennent au centre du jeu
, analyse-t-il. Faute de majorité à l’Assemblée nationale, l’exécutif est en effet obligé de composé. Mais si la donne politique a changé, Frédéric Souillot insiste surtout sur l’unité syndicale dans plusieurs dossiers : la loi pouvoir d’achat, la réforme des retraites et la réforme de l’assurance chômage. Une situation qui se matérialise par des communiqués communs inédits
, rappelle-t-il.
Ainsi, en vue d’améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs, les syndicats appellent d’une seule voix à des augmentations de salaire (et non des primes), à une hausse du Smic, et à conditionner les aides publiques à des négociations régulières sur les salaires. Nous avons obtenu gain de cause sur la date de revalorisation du Smic
, note Frédéric Souillot.
Retraites : S’il y a hausse de l’âge légal ou de la durée de cotisation, il y aura mobilisation
Une autre unanimité syndicale est, elle, en lien avec les retraites et la demande d’une conditionnalité des aides publiques pour les entreprises qui se débarrassent de leurs salariés de 45-55 ans
, souligne le secrétaire général de FO. Pour la Confédération, la question de l’équilibre financier du système renvoie notamment au taux d’emploi des seniors. Frédéric Souillot réaffirme ainsi l’intention de FO de participer jusqu’au bout aux concertations sur l’emploi des seniors. Tant que le bal n’est pas terminé il reste des marges de manœuvre
, explique-t-il, rappelant que la contractualisation fait partie de l’ADN
de FO. Mais si le gouvernement devait augmenter l’âge légal de départ à la retraite ou la durée de cotisation, FO ferait de la défense des retraites la mère des batailles
, déclare Frédéric Souillot. S’il y a hausse de l’âge légal ou de la durée de cotisation, il y aura mobilisation
, prévient-il.
Assurance chômage : la contracyclicité, la plus mauvaise idée du moment
S’agissant de la réforme de l’assurance chômage, qui fait l’unanimité syndicale contre elle, il estime que la contracyclicité
souhaitée par le gouvernement et par les organisations patronales est la plus mauvaise idée du moment
. Il s’agirait de réduire l’indemnisation lorsque la conjoncture est bonne et de l’augmenter lorsqu’elle faiblit. Mais qui fixera que l’emploi va mieux ou inversement ?
, s’interroge-t-il. Il note par ailleurs que le nombre d’offres d’emplois non pourvues n’a pas évolué depuis 2019, et qu’il s’agit essentiellement d’emplois à temps partiel et peu attractifs. Si les entreprises ne parviennent pas à trouver de la main d’œuvre, elles doivent s’en prendre à elles-mêmes au lieu de rejeter la responsabilité sur les demandeurs d’emploi. Pour Frédéric Souillot, mieux vaudrait en fait parler du trop grands nombre de chômeurs suivis par chaque conseiller Pôle emploi, de la formation professionnelle, de l’aide aux décrocheurs et du maintien dans l’emploi jusqu’à la retraite.
Apprentissage : la prime à l’employeur, attention danger
Le développement de l’apprentissage, qui concerne aujourd’hui près de 900 000 personnes, est une bonne chose
, estime le secrétaire général de FO. Ce développement tient cependant beaucoup aux subventions publiques à destination des entreprise : 5 000 euros pour l’emploi d’un apprenti mineur ; 8 000 pour un majeur. Un apprenti ne « coûte » aujourd’hui pratiquement rien à son employeur. Le système doit donc évoluer. Frédéric Souillot estime ainsi que l’aide à l’embauche d’apprenti est justifiée le temps que s’opère une prise de conscience
mais qu’il est normal
que cette aide diminue ensuite. Or, le gouvernement envisagerait au contraire de porter la prime à l’embauche à 6 000 euros dans tous les cas d’embauche d’un apprenti. Et pour soulager France compétences, qui gère l’alternance et la formation professionnelle, et qui accuse un déficit, il prévoit aussi de mettre les salariés à contribution : le gouvernement a ainsi inscrit, dans le projet de loi de finances pour 2023, un reste à charge pour le salarié qui utilise son compte personnel de formation (CPF). Frédéric Souillot se déclare opposé à ce projet.
Lycées pro et CFA, des vocations différentes
Interrogé sur la réforme du lycée professionnel, le secrétaire général de FO rapporte que celle-ci est très, très critiquée
par les enseignants et que les lycées se mobilisent
contre. L’idée du gouvernement consiste notamment à augmenter la durée des stages en entreprise. Pour Frédéric Souillot, cela reviendrait à faire des lycées professionnels des centres de formation pour apprentis (CFA), et des étudiants des salariés
. Il estime que les lycées professionnels fonctionnent bien
et que, s’il faut améliorer quelque chose, c’est l’orientation avant la classe de troisième, à laquelle il faut associer les parents et les enfants
.
Elections Fonction publique : pour FO, l’objectif est de gagner
S’exprimant sur les élections professionnelles dans la fonction publique du mois de décembre, Frédéric Souillot explique que l’enjeu est d’abord le taux de participation, que le vote électronique risque de faire baisser
. Force ouvrière, première organisation dans la fonction publique d’État, deuxième dans l’hospitalière et troisième dans la territoriale, vise à étendre son audience. L’objectif est de en faire premier, premier et deuxième
. En résumé, de gagner.