L’internationalisme des syndicats

Histoire par Christophe Chiclet, L’inFO militante

Avec la création des syndicats à la fin du XIXe siècle en Europe et dans le Nouveau Monde, les pionniers du syndicalisme ont rapidement compris qu’il fallait créer des fédérations internationales. Les ouvriers n’ont pas de patrie, déclarait Marx.

A u départ, les ouvriers syndiqués sont ouvertement opposés à toutes les formes de nationalismes et autres chauvinismes. Si la Première Guerre mondiale a compliqué ce positionnement intrinsèque, la centrale syndicale allemande se rapprochant par exemple en 1913 des buts de guerre du Kaiser, très tôt, les syndicats ont entrepris d’établir des liens sur le plan international. Ainsi, en cas de grèves nationales, ils espèrent compter sur la solidarité des travailleurs des pays voisins, surtout dans les mêmes métiers. C’est ainsi que se constituent les SPI (Secrétariats professionnels internationaux) dès 1889 pour les ouvriers du tabac, les chapeliers et les typographes, les métallos en 1891, les cheminots en 1893, le textile en 1894.

Les internationales syndicales dès le début du XXe siècle

L’idée d’une fédération internationale naît à Londres en 1885. En 1902, l’Office central international des centrales syndicales voit le jour à Stuttgart. En 1913, à Zürich, il se transforme en une première fédération internationale qui conduira, en 1919, à la création de la FSI (Fédération syndicale internationale) avec plus de 6 millions d’adhérents dans dix-neuf pays. Léon Jouhaux prendra part activement à la création de la FSI dont il sera un des vice-présidents.

En juillet 1921 est fondée à Moscou l’Internationale syndicale rouge. Mais il s’agit de faire des syndicats une courroie de transmission du Parti communiste vers le monde du travail. Bref, l’opposé du syndicalisme libre.

En 1933, la FSI, dont le siège était à Berlin, se replie sur Paris et compte, en 1939, 15 millions d’adhérents avec vingt-sept secrétariats professionnels internationaux. La FSI, devenue FSM (Fédération syndicale mondiale) au congrès de Paris en septembre 1945, se propose de participer à la dénazification de l’Allemagne et à la démocratisation du Japon, d’associer les travailleurs à la construction de la paix et de maintenir la cohésion entre les puissances alliées. Mais la FSM est infiltrée par les communistes. Il y a alors trois tendances : les communistes, les travaillistes et les centristes (avec Léon Jouhaux). La rupture se produit en janvier 1949 et donne naissance, en décembre, à Bruxelles, à la CISL (Confédération internationale des syndicats libres) dont la CGT-FO sera un membre de la première heure (Léon Jouhaux en deviendra le vice-président en 1949) avec le fameux mot d’ordre : Ni Staline, ni la Standard Oil. En 2006, la CISL prend le nom de CSI (Confédération syndicale internationale), regroupant 155 millions d’adhérents dans 156 pays et 241 organisations syndicales.

 

L’Internationale des syndicats libres
La CISL n’est pas simplement une organisation Euro-Atlantique. Elle a eu de nombreux et importants syndicats adhérents dans le tiers-monde : en Inde, la Fédération nationale des syndicats et l’Hind Mazdoor Sabha, au Pakistan, en Malaisie et en Australie depuis 1951, l’UGTT en Tunisie, l’UMT au Maroc, la CSL du Congo, la CTM au Mexique, la centrale argentine…

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération