La voiture pour se rendre au travail : incontournable pour beaucoup d’actifs

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

L’utilisation de la voiture, notamment pour se rendre sur son lieu de travail, ne procède pas forcément d’un choix mais a beaucoup à voir avec une contrainte liée notamment au lieu de résidence, lequel est souvent lié aux revenus. En quelques statistiques, l’Insee dresse le tableau d’une situation qui rappelle quelques inégalités sociales…

Le transport c’est le déplacement d’un point à un autre, notamment de personnes et en autres pour le travail. Or, le mode de déplacement utilisé relève souvent d’une obligation plutôt que d’un choix. Ce qui renvoie à des différences, pour ne pas dire des inégalités au plan du lieu de résidence, de l’offre en infrastructures de transports ou encore bien sûr au plan des revenus des ménages.

Fin avril, l’Insee notait dans une enquête que 91% des ménages habitant les « couronnes » des villes, soit les péri-urbains, possédaient (en 2017), au moins une voiture contre seulement 69% pour ceux des « pôles », les résidents des centres-villes et communes urbaines. Ces derniers qui représentent 51% de la population ne sont à l’origine que de 39% de la pollution des émissions de CO2 dues à la voiture remarque l’Insee. Les autres « pollueraient » donc davantage et il n’y a aucun hasard à cela.

A Paris par exemple, seuls 34% des habitants possèdent une voiture. Quand, tous motifs de déplacements confondus, un habitant des pôles parcourt 4 700 km par an en voiture, celui des « couronnes » en fait 7690. Et ce ne sont que des moyennes.

Les distances de trajets augmentent

Les habitants résidant loin des centres-villes utilisent, en moyenne, à 89% leur voiture pour se rendre au travail, le véhicule est « incontournable » indique l’Insee. Cela met en perspective les préoccupations écologiques tant souhaitées. Pour aller au travail, le vélo ou la marche sont logiquement plus utilisés dans les centres-villes, (respectivement 5% et 11%) que dans les « couronnes » urbaines (1% et 3%) où cette utilisation est anecdotique.

L’institut note qu’entre 2007 et 2017 les écarts [selon les lieux de résidence, NDLR] en matière d’usage de la voiture s’accentuent pour les déplacements domicile‑travail Les résidents des centres-villes l’utilisent beaucoup moins, l’offre de transport en commun s’améliorant toujours, quand ceux des périphéries l’utilisent de plus en plus.

Contrairement encore à ce que le souci écologique pourrait induire, plus globalement, la distance parcourue pour se rendre au travail en voiture augmente quel que soit le type de commune de résidence considéré notent encore l’Insee. Cela a à voir avec l’étalement des villes et leur périphérie. Lorsque que les transports en commun (train, métro, tram) sont proches (moins de 500 mètres), la voiture est moins utilisée pour aller travailler. Mais relève l’Insee, sur l’ensemble des actifs, 74% des actifs sur le territoire national utilisent leur voiture pour aller travailler. On en déduit que, hors centres-villes, les infrastructures de transports en commun ont un accès encore loin des résidences. Par ailleurs indique l’Insee, se passer de voiture est plus fréquent pour les ménages sans enfant, lesquels affichent des revenus plus élevés et habitent plus souvent les centres des agglomérations.

Pour les plus modestes, une facture lourde

Cette utilisation massive de la voiture par les actifs a évidemment un coût (achats, carburant, entretien…) et il pèse sur le budget des ménages.

Au plan global, le coût des transports occupe 14,5% du revenu disponible des ménages logés hors attraction des villes, 13% en couronnes et seulement 8,8% pour ceux habitant les pôles. Pour les foyers les plus modestes, la facture des transports, tous modes confondus, est lourde absorbant 21,3% du revenu disponible.

En ce qui concerne le coût particulier d’un véhicule (achat, carburant, entretien…), l’effort est en moyenne de 12,4% du revenu disponible, il est plus important dans les banlieues  en raison d’une proportion plus importante de ménages pauvres ou modestes note l’Insee.

Aucun hasard non plus à cela. Une partie des cadres habitent les centres urbains tandis que les travailleurs aux revenus plus modestes, notamment les ouvriers, s’éloignent des grands centres villes ne pouvant, entre autres, assumer le coût élevé des logements. Leurs emplois se trouvent souvent aussi hors des centres-villes.

Double peine

Les ménages habitant les communes pauvres de la périphérie utilisent moins leurs voitures que les habitants d’autres communes plus favorisées, remarque encore l’Insee, ce qui souligne notamment la situation sociale fortement dégradée de ces communes pauvres au plan de l’emploi et des revenus des plus modestes.

Plus largement indique l’Insee, la plus forte propension des ouvriers à se rendre au travail en voiture par rapport aux professions intermédiaires s’explique totalement par leur lieu de résidence, de même que celle, plus faible, des cadres et professions intellectuelles, mais seulement pour moitié. Et pour ces derniers, cela relève le plus souvent d’un choix.

Pour les plus modestes, c’est en revanche une double peine. Habiter loin de son travail pour cause de revenus trop faibles pour s’en rapprocher et assumer, pour le conserver, un parcours quotidien en voiture qui va peser sur le budget du ménage et les conditions de vie. Une fois encore, l’augmentation substantielle des salaires prend tout son sens…

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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